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documents pour servir a l'histoire

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droite... Je vous remercie beaucoup, quand je serai là-haut, je prierai beaucoup<br />

<strong>pour</strong> vous ». Une seule fois il a dit : « Je souffre! » C'est que je l'avais remué un<br />

peu trop vivement, entendant approcher quelqu'un (i). A ce moment je regardai<br />

ma montre, il était 18 h. 45. Je vis une sentinelle, toute seule, au coin de la Place<br />

d'Armes, à vingt-cinq mètres de moi. Je fis le mort.<br />

Quelque temps après, à la nuit close, aucun gardien ne semblant rôder dans<br />

les environs, je vis un homme se soulever du tas de cadavres, ramper à quatre<br />

pattes, traverser la rue et disparaître dans la maison Frankinet. Un autre le suivit.<br />

En voyant cette fuite, je résolus d'en faire autant, et je communiquai mon intention<br />

à ceux qui étaient près de moi et qui vivaient encore, Charles Sorée, Gustave<br />

Lamour et Marcel Dumont, et les invitai à me suivre. Parla grille entr'ouverte,<br />

j'entrai dans le jardin de M. Tschoffen, j'escaladai, aidé de mes compagnons, le<br />

mur de la propriété de M. Herbecq, puis le second mur qui sépare cette dernière<br />

de la mienne. Lamour ne nous avait pas suivis. Arrivé dans mon jardin, j'y aperçus<br />

mon frère, le docteur Jules Drion, qui était aussi à la recherche d'une cachette.<br />

Nous descendîmes dans une cave située sous la tannerie, où nous restâmes<br />

jusqu'au jeudi.<br />

La plupart des survivants de la fusillade s'échappèrent par la porte<br />

du garage de M. Frankinet (fig. zi3, n° 14), dont le panneau inférieur<br />

avait été enfoncé le matin même par les Allemands, et qui donnait ainsi<br />

communication avec la montagne. Nous empruntons le récit suivant<br />

au rapport de M. Nestor Trembloy.<br />

N° 466. A un moment, je vis un homme se lever du tas de cadavres, traverser la rue et<br />

entrer chez Frankinet... Un autre le suivit, puis un autre encore... Je les imitai et<br />

nous nous trouvâmes bientôt à huit ou neuf. La plupart étaient grièvement<br />

blessés, mais quelques-uns comme Narcisse Neuret, Louis Godart, et moi nous<br />

n'avions rien.<br />

Sautant les murs, escaladant les terrasses, nous arrivons bientôt au « Rossignol »<br />

et de là nous gagnons les bois et la campagne. Etant trop nombreux, nous résolûmes<br />

de nous séparer. Avec mon cousin Ernest Delplace, blessé à la cuisse, je pris la direction<br />

de Foy-Notre-Dame. Je perdis bientôt mon compagnon. Le mardi, tout<br />

découragé, je résolus de rentrer à Dinant, mais, en arrivant sur la crête du versant,<br />

des balles tirées de Neffe m'accueillirent. Je demeurai couché par terre dans les<br />

buissons jusqu'au soir. Je faillis être pris un peu plus tard par des Allemands qui<br />

patrouillaient avec un grand chien policier.<br />

Le soir, j'allais mourir de faim et de soif, lorsque j'eus l'heureuse fortune de<br />

voir arriver vers moi Narcisse Neuret et François Gillain. Ils m'indiquèrent la<br />

fontaine Saint-Martin où je pus me désaltérer abondamment.<br />

Le mercredi, nous nous sommes enfoncés dans les bois, et nous y avons<br />

rencontré Auguste Warnon qui a charitablement partagé avec nous un morceau de<br />

(1) Il mourut quelque temps après. Cf. déposition de M. Vigoureux (Rapport n° 468).

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