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documents pour servir a l'histoire

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Aucun incident à signaler jusqu'au mardi, si ce n'est l'apparition d'un soldat à la<br />

bouche de l'égout. L'homme inspecta longuement le boyau sombre, se penchant<br />

<strong>pour</strong> scruter l'obscurité; mais, ne découvrant rien, il s'en fut en sifflant.<br />

Dans la nuit du mardi au mercredi, le bébé qui jusque-là s'était tu, se mit à<br />

pleurer longuement. Je voulus le calmer en lui donnant à boire, mais épuisée moimême<br />

par les angoisses et les privations des dernières journées, je ne pus le<br />

satisfaire. Ce fut peut-être le moment le plus douloureux. Que faire ? Les cris de<br />

l'enfant n'allaient-ils pas nous trahir ? Après deux heures, je dus me résoudre à<br />

l'enfouir sous une couverture <strong>pour</strong> étouffer le bruit. Alors Albin et moi, nous<br />

adressâmes au ciel une suprême et fervente prière. La Vierge de Lourdes, en qui<br />

nous avions tant de confiance, pouvait-elle nous abandonner, laisser mourir de<br />

faim notre pauvre petit ? Tout en priant, mon mari voulut se trouer une veine <strong>pour</strong><br />

donner à boire à l'enfant. Je lui arrachai le canif des mains. Nous continuâmes à<br />

prier...<br />

Bientôt l'enfant exténué s'endormit. A son réveil je pus enfin l'allaiter : il était<br />

sauvé !<br />

Et les heures recommencèrent à s'écouler de plus en plus longues, de plus en<br />

plus pénibles, de plus en plus angoissantes. Le mercredi, à l'aube, nous entendîmes<br />

parler patois sur l'autre rive. C'était bon signe. Aussi nous voilà hors de l'égout et,<br />

avec mille précautions cependant, nous gagnons une maison plus proche, celle de<br />

M. Lejeune-'Marsigny, dans l'espoir d'y trouver quelque nourriture.<br />

Mais nous apercevons bientôt dans la rue des soldats à la mine farouche et nous<br />

jugeons plus prudent de réintégrer le Trou du Loup.<br />

Le lendemain, les Marsigny, n'y tenant plus, nous quittèrent. A peine étaient-'ils<br />

partis, qu'Albin exténué, tomba sur mon matelas et s'endormit profondément.<br />

Soudain une figure se montre à l'orifice du boyau et une voix bien française<br />

s'écrie : « M. Laurent, êtes-vous là ? » Je réveille Albin qui se précipite au dehors<br />

et y voit un Père Oblat et une Sœur de Charité. Notre maison étant brûlée, nous<br />

acceptâmes l'hospitalité que nous offraient les bonnes Sœurs de Charité. C'est là<br />

que j'appris, que mes deux aînés se trouvaient sains et saufs à Dréhance. Mon mari<br />

obtint l'autorisation de les y aller voir ; puis il revint se mettre au service des<br />

blessés.<br />

§ 12. — Vers le "Rocher Bayard.<br />

Pour en finir avec les événements de la forge Bouille et ne pas<br />

interrompre le récit de la fusillade du mur Tschoffen, nous avons<br />

abandonné quelque peu les prisonniers détenus depuis le matin dans la<br />

maison d'arrêt ou qui y avaient été conduits dans le courant de la journée.<br />

Revenons-y maintenant, et définitivement cette fois, et suivons-les dans<br />

leur sortie de prison.<br />

Pour la première partie du récit, nous livrerons au lecteur le travail<br />

élaboré par M. l'abbé Jouve, curé de Saint-Paul des Rivages et aumônier<br />

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