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documents pour servir a l'histoire

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l32<br />

plus rapprochés : se battrait-on dans la rue? Les Français auraient-ils<br />

repassé la Meuse? Non : on ne voyait que des Allemands; on entendait<br />

leurs lourdes bottes marteler le pavé. Serait-on abandonné?<br />

Après l'incertitude, l'inquiétude : car le tumulte grandit, il approche.<br />

La porte est ouverte, de gré ou de force. Aussitôt qu'un habitant se<br />

montre, le revolver est braqué sur lui, les fusils sont à l'épaule, prêts à<br />

faire feu, et tandis que le pauvre lève les mains d'un geste de désespoir,<br />

il est visité minutieusement : « Pas d'armes? » Est-il besoin de dire qu'il<br />

n'y a d'armes null&part (t)?Alors retentit l'inoubliable « heraus! heraus! »<br />

Il faut aller vite : « heraus! heraus! » Inutile de savoir l'allemand <strong>pour</strong><br />

comprendre; le geste est là qui traduit le commandement : « heraus!<br />

heraus ! » Pas d'hésitation : sinon, le geste fait place à un coup de poing,<br />

de crosse de fusil, parfois même de baïonnette : il faut sortir ! Il arrive<br />

qu'on n'a pas même le temps d'appeler les siens, et lorsque ceux-ci ne se<br />

décident pas à quitter immédiatement leurs cachettes, les Allemands se<br />

font précéder à la cave par des coups de feu : chez Jules Gillet, place<br />

Saint-Roch, un coup de revolver est tiré du haut de l'escalier ; rue<br />

Grande, chez: Delprat-Gentil, ce sont deux coups de fusil, et chez<br />

Camille Fisette, c'est encore un coup de revolver; chaque fois, au milieu<br />

d'un groupe nombreux, dans lequel les femmes et les enfants sont en<br />

majorité. Il faut sortir ! Et tandis que les Allemands visitent la maison de<br />

la cave au grenier, brisent les meubles, les lustres et les glaces, et<br />

emportent ce qui leur convient, les Dinantais sont sur la rue, nu-tête (2),<br />

sommairement vêtus (3), les mains vides (4) ! Il faut se hâter, car la<br />

maison brûle (5) !<br />

Rien n'est respecté : ni l'âge, ni le sexe, ni l'infirmité ou la maladie.<br />

Nicolas Vigoureux, âgé de 80 ans et paralysé, est contraint de quitter<br />

son fauteuil. Alexis Lahaye, qui a 81 ans, est impotent et ne jouit<br />

(t) Nous nous réservons de raconter en détail te cas de Joseph Pécasse. — Quand on changeait de<br />

gardiens, on était exposé à être visité de nouveau : tel Jules Pierrard, qui a été fouillé six fois !<br />

ta) Le contraire était l'exception.<br />

(3) « Emile Flostroy, boulanger, rue Grande, a été amené chez Bouille en manches de chemise, les bras<br />

retroussés, avec son tablier de travail. » (Déposition de François Gilles.) — Combien d'autres ont été emmenés<br />

plus ou moins habillés, chaussés de pantoufles ou de sabots, voire même de caoutchoucs 1<br />

(4) Bien rares sont les personnes qui ont pu emporter l'une ou l'autre petite valise préparée d'avance <strong>pour</strong><br />

le cas d'alerte. Souvent les soldats s'y opposaient-<br />

(s) « Avant que nous sortions de la maison de Camille Fisotte, rue Grande, où nous étions réfugiés, les<br />

Allemands avaient mis le feu dans le grenier. » (Déposition de I\. Camille M.ascart, père.) — «Il faut sortir :<br />

nous avons l'ordre de brûler la ville », a dit un officier à JM me Herbecq, dès 7 heures du matin. — Pendant lanuit<br />

du a3 au £4, non loin du Rocher Bayard, M Ue M. Herbecq questionna un soldat : «Mais toute la population<br />

n'est pas avec nous ? » Et ie soldat de répondre : (( Ceux qui n'ont pas voulu sortir seront carbonisés. Tant pis<br />

<strong>pour</strong> eux I »

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