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documents pour servir a l'histoire

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d'or, plutôt que de les livrer, d'autres avalèrent des billets de banque, notamment<br />

M. Defoin, {ils.<br />

Quelques-uns avaient en route ramassé des bouteilles vides <strong>pour</strong>, le cas<br />

échéant, y mettre de l'eau. Cela amène une nouvelle visite du capitaine : « Remettez<br />

les bouteilles, dit-il, si plus tard un de vous est trouvé avec une bouteille, il sera<br />

fusillé ».<br />

Le soir, M. Herbecq surprend la conversation de quelques soldats : on renoncerait<br />

à nous fusiller. Cela ne fait pas le compte de certains de nos bourreaux :<br />

ils se voient frustrés d'une fusillade collective et ne peuvent s'empêcher de manifester<br />

leur désappointement, tel ce sous-lieutenant qui dit à ses soldats : « Hat man<br />

nicht zu schiessen, das ist nicht gut! (t) » Le soir encore distribution d'une croûte<br />

de pain.<br />

Le mercredi à midi, après avoir reçu un demi-pain de soldat par personne, on<br />

se met en route <strong>pour</strong> Melreux, où un train en destination de l'Allemagne attend<br />

les prisonniers. A coups de poing et à coups de pied, on nous pousse dans des<br />

wagons à bestiaux sommairement nettoyés, à raison de quarante par wagon,<br />

avec trois gardiens.<br />

Quel pénible voyage : La faim, la soif, la chaleur ! Il n'y avait pas de sièges,<br />

pas même de paille, et, sur un parcours de trente-cinq heures, il n'y eut qu'une<br />

seule distribution de nourriture !<br />

A toutes ces privations, déjà si dures, il faut ajouter les peines morales.<br />

Partout, en Allemagne, la population semble avoir été invitée à nous insulter sur<br />

notre passage. Le train s'arrête à presque toutes les stations ; les femmes et les<br />

enfants aussi bien que les soldats et les hommes nous raillent, nous menacent,<br />

ajoutent le geste à la parole et parfois l'acte au geste : à plusieurs reprises le train<br />

fut criblé de pierres.<br />

M. Lenel, en proie à une crise nerveuse se met à crier et à gesticuler. Voici<br />

un malheureux que la raison abandonne! On va l'apaiser sans doute? Aloyen<br />

radical : un soldat lui tire un coup de revolver dans la tête, et jette le cadavre sur<br />

la voie (2.)<br />

Enfin, le 28 août, vers 3 heures du matin, nous débarquons à la gare de<br />

Wilhelmshôhe (Cassel). Nous sommes alignés, comptés, remis aux mains d'une<br />

nouvelle troupe de soldats et, au pas accéléré, nous défilons dans les rues de la<br />

ville.<br />

(1) TRADUCTION : « Si on n'a pas à fusiller, cela n'est pas bon ! "<br />

(2.) Voici comment Achille Lambert, témoin oculaire, raconte la scène : (( Une première fois déjà<br />

Henri Lenel, qui était dans le même wagon que moi, avait apostrophé les soldats qui nous gardaient, mais<br />

j'étais parvenu à le faire taire. Peu de temps après, il recommença et je fis remarquer à Bietlot qu'il fallait<br />

absolument l'en empêcher. C'est alors que Lenel enleva son paletot et prit en main son porter-monnaie vide,<br />

me disant qu'il allait l'apporter à sa femme. Comme il enjambait le banc qui servait de balustrade, je te saisis à<br />

bras-le-corps et je fis signe aux soldats que le malheureux perdait la tête. Néanmoins, le caporal tira un coup<br />

de revolver qui atteignit Lenel en pleine poitrine. Il est tombé sur le banc à la renverse et le soldat lui a tiré un<br />

second coup dans la bouche. Alors, le même soldat, a poussé du pied le corps en bas du wagon. Sur<br />

ces entrefaites* au coup de feu, le train avait ralenti sa marche, puis s'était arrêté. Le garde du train est venu<br />

voir et, après explications, les soldats se sont tous mis à rire aux éclats. Le corps du pauvre Lenel est resté là<br />

où on l'avait jeté. »

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