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documents pour servir a l'histoire

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a5o<br />

mais quand j'y entre la fumée m'aveugle tellement, que je n'aperçois même plus<br />

l'autel. Précipitamment je referme la porte.<br />

Vers 18 heures, les Français font sauter le pont.<br />

La nuit est relativement calme. A part quelques coups de feu, le silence est<br />

peu troublé, ce qui rend plus impressionnant encore le spectacle grandiose, mais<br />

combien triste, d'une ville en feu, car de notre abri nous voyons tout Dinant brûler !<br />

Le lundi matin, je me rends à l'église où je constate avec bonheur que la<br />

voûte n'est pas tombée. Je m'empresse de mettre le Saint-Sacrement à la sacristie,<br />

et je referme soigneusement la porte de communication. Dans la matinée, je vois<br />

arriver par derrière l'église le vieux Hendrickx et Nicolas Schram (voir rapport<br />

n° 437). Ils racontent que les Allemands mettent le feu partout et tuent les hommes.<br />

Ce sont les premiers bruits de massacre qui me parviennent.<br />

Après avoir pris quelque aliment vers midi, je me rends avec l'abbé Delacharlerie<br />

et ma servante à la maison des Vicaires, rue En-Rhée, sans rencontrer<br />

d'Allemands. Nous y trouvons beaucoup de monde, entre autres le président du<br />

tribunal, M. Virez, mais on nous dit que les deux vicaires se sont enfuis dans la<br />

montagne.<br />

Commençant alors à connaître toute la vérité sur les massacres de la veille, et<br />

apprenant que les Allemands sont encore à la <strong>pour</strong>suite des hommes, je propose à<br />

M. Virez de rentrer chez moi. Nous allions mettre ce projet à exécution, lorsque<br />

nous entendons les soldats hurler et heurter à la porte à coups redoublés. Je vais<br />

leur ouvrir et je me trouve en face de deux énergumènes qui déclarent que tout le<br />

monde doit sortir. Notre groupe comprend environ vingt personnes. Les insultes<br />

ne manquent pas et les membres du clergé sont particulièrement visés. J'avais<br />

gardé mon chapeau sur la tête. J'entends un soldat dire à un de nos gardiens :<br />

« Flanque par terre son plat à barbe, à ce sale cochon 1 » J'ai certainement<br />

entendu crier plus de trente fois : « Religions-Krieg, guerre de religion ».<br />

Près du pont, nous sommes bientôt rejoints par d'autres civils, prisonniers<br />

comme nous. Pendant plus d'une heure, nous sommes là l'objet des moqueries, des<br />

injures de la part des soldats qui nous montrent le cadavre d'un des leurs en<br />

prétendant qu'il a été tué par des francs-tireurs. Chaque fois que de nouveaux<br />

arrivants se présentent, la scène recommence. Finalement, un soldat invective ses<br />

compagnons, leur disant qu'ils se comportent d'une façon indigne. Constatant ces<br />

bonnes dispositions, je lui demande en allemand ce qu'on a l'intention de faire de<br />

nous. « Il va passer beaucoup de troupes, me répond-il, et dans votre intérêt,<br />

comme dans le nôtre, on va vous enfermer. »<br />

Soudain, je vois déboucher de la rue Grande trois officiers, à l'air sinistre,<br />

complètement ivres. Arrivés près de nous, ils nous font ranger quatre par quatre.<br />

J'étais en tête avec le vicaire, M. Virez et un autre encore. On nous fait descendre<br />

l'escalier près du pont, en nous obligeant à tenir les bras levés. Nous avons à<br />

peine fait deux cents mètres dans la direction deLeffe, au bord de l'eau, qu'on nous<br />

ordonne de rebrousser chemin. Les soldats nous placent sur l'escalier que nous<br />

venions à peine de quitter, en nous disant de regarder vers la Meuse. Tout à coup<br />

éclate derrière nous une vive fusillade; nous entendons les balles siffler à nos<br />

oreilles et nous tombons les uns sur les autres. Chose curieuse, pas un cri ! N'étant

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