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documents pour servir a l'histoire

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196<br />

seul désormais sur la terre, adressa à Dieu la plus sincère des prières. Henri Houbion,<br />

qui était resté caché dans le comptoir de la maison Mathieu, fut pris le lundi<br />

et, à la vue des cadavres, s'évanouit; on eut beaucoup de peine à le ranimer.<br />

Près de la ferme d'Herbuchenne, nos gardiens distribuèrent de la nourriture<br />

aux prisonniers français, mais les « francs-tireurs » ne reçurent rien. Les soldats<br />

nous mirent sur le dos leurs sacs, nous forçant à les porter malgré notre état<br />

d'extrême lassitude. Nous passâmes par la ferme du Chenois, puis à Sorinne tout<br />

en feu. C'est à Achène que nous avons rejoint les autres Dinantais et, désormais,<br />

notre sort fut lié au leur jusqu'à notre retour de Cassel, trois mois plus tard (1).<br />

Camille Fivet, également un escape de la fusillade du mur Bourdon,<br />

termine sa déposition par des faits qui dénotent une telle cruauté de la<br />

part des Allemands, que nous croyons ne pouvoir les passer sous<br />

silence.<br />

N° 475. A peine étions-nous arrivés devant le mur Bourdon qu'on a tiré sur nous; je<br />

suis tombé. Alexandre Bourdon était sur moi. Vers 2t heures, j'ai voulu me<br />

relever; aussitôt on a tiré dans ma direction, mais comme j'étais en-dessous de<br />

Bourdon, c'est lui qui a été touché. Je pus alors me rendre compte de tout ce qui<br />

se passait autour de moi. J'ai entendu un bébé qui pleurait et demandait à boire,<br />

c'était la petite Gilda Marchot, âgée de 2 ans; un Allemand s'est approché aussitôt<br />

et a mis le canon de son fusil dans la bouche de l'enfant et a tiré ! Écœuré, je me<br />

suis retourné d'un autre côté et j'ai vu un soldat qui portait quelque chose au bout<br />

de sa baïonnette; j'ai reconnu le corps de ma petite nièce, Mariette Fivet, qui avait<br />

trois semaines. Après avoir joué avec ce cadavre d'enfant, le soldat l'a déposé à<br />

terre et lui a mis le pied sur l'estomac <strong>pour</strong> retirer sa baïonnette... Le lendemain,<br />

j'ai enterré le corps de mon frère, de ma belle-sœur et de la petite Mariette, âgée<br />

de 22 jours. J'ai constaté que les linges du bébé étaient tout déchirés à l'estomac<br />

et remplis de sang (2).<br />

Après ce récit qui fait frémir, il y a lieu de rapporter, sans commentaires,<br />

les paroles du major Schlick : « J'ai toujours admiré la conduite<br />

calme de nos troupes vis-à-vis de ces brutes (il s'agit des civils) et la<br />

façon dont elles s'abstinrent de toute cruauté (,3) ».<br />

Comme nous l'avons déjà signalé plus haut, tout un groupe de prisonniers<br />

civils de Neffe-Anseremme fut transbordé sur la rive droite<br />

et constitua même la majeure partie (43) des victimes de la fusillade<br />

(1) Nous avons sous les yeux la déposition que Félix Bourdon fit à la demande des Allemands euxmêmes<br />

et qui leur fut remise le iz septembre 1917. Le récit que nous publions est un peu plus développé,<br />

mais le fond est identiquement le même.<br />

(2) Camille Fivet a fait cette déposition au com nencement de 1915, peu après son retour de Cassel.<br />

Après lecture qui lui en a été faite le 7 avril 1911, il l'a signée en présence du bourgmestre de Bouvignes.<br />

(3) 'Lwre Blanc. Annexe 44.

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