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documents pour servir a l'histoire

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valeurs, deux grandes fermes se dressent sur le plateau- L'une d'elles<br />

était exploitée par la famille Alardo, l'autre par Joseph Marot. A proximité<br />

se trouve le château appartenant à la Baronne de Doetinghem. (Voir<br />

fig. 214.)<br />

"Rapport de la veuve Alardo.<br />

N° 477. Après avoir distribué les jours précédents tout mon pain aux Allemands, le<br />

dimanche, 2.3 août, je me levai de grand matin <strong>pour</strong> en cuire du nouveau.<br />

Vers 6 heures, des soldats arrivent à la ferme. Mon mari se rend à leur<br />

rencontre et leur déclare la présence de cinq chevaux allemands que, l'avant^veille,<br />

il avait trouvés dans les environs. Un officier, après avoir constaté que ces chevaux<br />

étaient tous blessés, nous les abandonne. Les soldats alors nous demandent du lait,<br />

et mes fils leur en apportent neuf seaux.<br />

Peu de temps après, ces mêmes soldats montent à l'étage et tirent de nombreux<br />

coups de feu dans le grenier : aussitôt ils redescendent précipitamment en criant :<br />

« Man hat geschossen ! » On a tiré ! Nous sommes tous appréhendés, visités, et on<br />

nous force de lever les bras, tandis qu'on nous conduit dans la cour. Je me trouvais<br />

là avec mon mari, et mes deux fils Isidore et Martin, tandis que Joseph était resté<br />

caché dans la cave avec ma fille Marie^Thérèse.<br />

Je demande aux Allemands <strong>pour</strong>quoi ils nous en veulent, alors que nous ne<br />

leur avons fait que du bien. Ils me répondent que « des Français ont tiré sur eux<br />

dans la ferme, qu'ils ont coupé un bras à un de leurs soldats et que le fermier l'a<br />

brûlé après lui avoir crevé les yeux ».<br />

Tous les quatre, nous sommes dirigés du côté de la citadelle sous la menace<br />

du revolver et au milieu des coups de crosse, des injures et parfois même des<br />

crachats.<br />

On nous fait descendre dans le bois du Casino, <strong>pour</strong> nous reconduire ensuite<br />

sur les hauteurs. C'est alors qu'on m'a séparée de mon mari et de mes deux fils.<br />

Ceux-ci ont dû descendre en ville, je les ai vus remonter vers midi, mais il m'était<br />

interdit de m'approcher d'eux. Un peu plus tard on les a fusillés dans une pâture<br />

à Bonair. Je n'appris leur mort que plusieurs jours après. Les Allemands<br />

m'avaient assuré qu'ils étaient prisonniers, mais ne couraient aucun danger (1).<br />

Jusque vers 18 heures je suis restée sur le champ de bataille, exposée au feu<br />

des Français, les mains toujours liées. A la tombée du jour, des soldats m'ont con^<br />

duite au château d'Herbuchenne, où j'ai retrouvé ma fille Marie--Thérèse qui avait<br />

été découverte dans la cave avec son frère. On les avait forcés de sortir et à peine<br />

étaient'-ils dans la cour de la ferme, que des balles allemandes frappèrent à mort<br />

mon pauvre Joseph et le fils Hautot. Ma fille les a vus tomber : elle a eu le courage de<br />

me le cacher, et ce n'est que le mercredi suivant qu'elle m'a mise au courant de leur<br />

fin tragique.<br />

1) Quand on exhuma les cadavres de Martin Alardo et de ses deux [ils à Bonair, tous les trois avaient<br />

les mains liées derrière le dos et le corps transpercé de balles ; on retrouva à une centaine de mètres de là le<br />

cadavre de Joseph Hautot.<br />

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