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documents pour servir a l'histoire

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M ,lc Laurent, puisse venir en aide à quelqu'un? » Aussitôt j'ai vu remuer des<br />

corps. Le premier que j'aperçus fut le petit Georges Baudouin (16 ans). Mais déjà<br />

on commençait à tirer sur nous. Je me suis empressée d'aller demander à la prison<br />

une boisson quelconque <strong>pour</strong> les blessés que la soif dévorait. Quand je revins avec<br />

une casserole, on tirait de plus belle et je n'eus que le temps de passer le récipient à<br />

Vigoureux, le plus valide, <strong>pour</strong> qu'il fît boire ses compagnons. Le Père Colas et moi<br />

nous rentrâmes à la prison. Là, nous avons vu les cadavres de M me Stevaux et de<br />

Joseph Lebrun. M rae Thonon agonisait et on soignait M me Déloge, son fils et<br />

Jules Lebrun, tous trois blessés.<br />

Je voulus sortir de la prison, mais, chaque fois que la porte s'entr'ouvrait, on<br />

tirait dans ma direction. Enfin, après un certain temps, le Père Colas est parvenu<br />

à rentrer chez lui et moi chez les Sceurs, où je trouvai beaucoup de monde,<br />

notamment les religieuses de l'Immaculée Conception.<br />

Vers 14 heures, on avait dit chez les Pères Oblats au Frère Pierre Ferré de<br />

venir nous rejoindre. Il n'a pas bien compris et, sa valise en main, il s'est rendu<br />

Place de Meuse où il n'a pas tardé à être atteint par plusieurs balles : trois d'entre<br />

elles lui perforèrent les intestins après avoir traversé sa valise. Le Père Colas est<br />

allé le chercher et nous l'a amené tout sanglant; il est mort pendant la nuit. Nous<br />

avons aussi soigné M me Lemineur-Bony, blessée à la tête, ainsi que Henri Georges<br />

(dit Bibi Séba). Enfin, on a conduit au couvent le malheureux Fernand Monin<br />

qui, de désespoir, après avoir achevé sa femme gravement atteinte, avait<br />

voulu se donner la mort (t). Ce même jour, Eugène Trinteler fut tué Place<br />

de Meuse (2).<br />

Vers 17 heures, je suis retournée à la prison où j'ai vu M me Thonon morte.<br />

Toujours en quête de mes frères dont je n'avais aucune nouvelle, je suis allée chez<br />

Dumont, où j'ai trouvé tout en désordre, et de là jusqu'à la carrosserie Defoy, puis<br />

je suis revenue près des fusillés. Grigniet, affreusement blessé, se plaignait beau^<br />

coup. Avisant une échelle, j'étendis sur celle--ci une couverture, puis y ayant fait<br />

asseoir le malheureux Grigniet, j'essayai de le traîner tant bien que mal, mais je dus<br />

renoncer à ce mode de locomotion et abandonner le mourant à son triste sort (3).<br />

(1) Voici comment, d'après M me Lemineur^Bony, la chose se serait passée : Le lundi, je me trouvais<br />

place de Meuse au café Gambrïnus, lorsque des cavaliers allemands passant sur la route de Neffe tirèrent<br />

dans notre direction. Je fus blessée par des éclats de vitres, de même que Léopoldine Vanheden, épouse<br />

Monin, Les autres personnes non blessées se sauvèrent dans la cour. Fernand Monin croyant sa femme<br />

gravement blessée et ne voulant pas la voir souffrir, perdit la tête, lui transperça la gorge et, la mort ne<br />

venant pas de suite, il lui coupa la nuque, puis se donna deux terribles coups de couteau. Il mourut quelques<br />

semaines plus tard.<br />

(2) Il portait sur les épaules une manne remplie de bouteilles de vin, qu'il était allé chercher chez<br />

Arnould, à la demande de M me Delforge. Voici ce que raconte M. Legrand qui fut témoin du meurtre :<br />

Des cavaliers allemands, suivis d'un cycliste, passaient sur la route de Neffe, quand, sur l'ordre d'un officier,<br />

les cavaliers se mirent à décharger leurs armes dans la direction de la Place de Meuse où se trouvaient bon<br />

nombre de civils. Trinteler fut ainsi abattu sur la bascule publique. D'autres balles dirigées vers le café Gambrinus<br />

blessèrent M me Monin. Je vis alors le cycliste, qui suivait les cavaliers, descendre de vélo, mettre un<br />

genou en terre et, appuyant son arme sur le garder-corps, viser le corps de Trinteler et décharger sur lui<br />

plusieurs balles.<br />

(3) En route, M lle Laurent rencontra M me Grigniet qui parvint à faire transporter son mari à la prison,<br />

où il mourut.<br />

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