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documents pour servir a l'histoire

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Sur ces entrefaites, s'aidant d'une barre de fer, Léon Lebrun avait,<br />

de l'intérieur, forcé la serrure de la porte. Comment dépeindre cette<br />

sortie mouvementée de plus de deux cents personnes, qui pensaient bien<br />

devenir la proie des flammes. Ces malheureux croyaient déjà avoir<br />

échappé à un grand malheur; ils ne se rendaient pas encore compte,<br />

hélas ! qu'on les conduisait à un autre supplice non moins épouvantable !<br />

Tandis que les soldats faisaient sortir les civils emprisonnés dans<br />

l'écurie et dans le café Bouille, ils poussaient également dehors ceux qui<br />

avaient été enfermés dans la forge, et ces quelques centaines de personnes<br />

furent dirigées par la rue Saint-Roch vers la rue du Faubourg Saint-<br />

Nicolas et la Place d'Armes (i).<br />

Quelques-uns, Auguste Guillaume, Léon Gillet, Louise Ronvaux,<br />

par exemple, profitant d'un moment de désarroi parmi les gardiens,<br />

trompèrent leur vigilance et s'enfuirent par la rue du Moulin-des-<br />

Batteurs ; mais, arrivés devant la maison du docteur Cousot, ils rencontrèrent<br />

une patrouille allemande, chargée de leur barrer la route et ils<br />

furent obligés de rebrousser chemin et de rejoindre le lamentable cortège.<br />

On côtoya d'abord les cadavres des victimes tombées quelques instants<br />

auparavant devant l'ancienne forge Bouille, et ce spectacle n'était pas<br />

précisément de nature à rassurer ces pauvres gens qui, plus que jamais,<br />

commençaient à entrevoir le terrible sort qui leur était réservé.<br />

Ils avancèrent rapidement, car les soldats semblaient vouloir en finir<br />

vite. Rue Leopold, ce fut une cohue indescriptible : les charrois<br />

allemands continuaient à descendre la Montagne de la Croix et prenaient<br />

la direction des Rivages.<br />

A ce moment défilaient aussi, portées sur d'énormes véhicules tirés<br />

par quatre chevaux, des barques en fer qui allaient bientôt <strong>servir</strong> à la<br />

construction du pont que les Allemands projetaient de jeter en face du<br />

Rocher Bayard.<br />

En passant devant les drapeaux, les soldats obligent les civils,<br />

sous peine de mort, de crier « Vive l'Allemagne ». Ils menacent de leurs<br />

(i) Albert Maury était parvenu à se dissimuler derrière la porte de l'écurie; il gagna par les toits la<br />

maison Bouille; de là, il passa dans les caves de 1 ancienne forge, mais il y heurta des cadavres; alors il revint<br />

rue Enr-Ile, où il rencontra Robert Anciaux se traînant péniblement (voir p. 154, note) ; il l'aida à se transporter<br />

chez les Sceurs de Charité; puis alla se réfugier sur l'île Laurent. Le mardi il fut repris par des soldats qui le<br />

conduisirent aux Rivages, et fut retenu prisonnier 'usqu'au samedi.<br />

Emile Paquet, malgré la défense des soldats, était monté dans le grenier de l'écurie Bouille avec son frère<br />

Louis, le pharmacien. Quand, le soir, on fit évacuer les locaux, Louis descendit et fut tué au mur Tschoffen.<br />

Emile monta sur le toit, puis sa position y devenant intenable à cause de l'incendie de la maison Gilles, il passa<br />

sur celui de la forge Bouille et de là dans la cour Bourdon. Dans la soirée il est allé se cacher avec d'autres<br />

personnes dans la maison du notaire Houyet, rue des Fossés.<br />

t37

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