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documents pour servir a l'histoire

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238<br />

incendier la maison située en face du presbytère et occupée par Victor Renard.<br />

Je proteste énergiquement et je finis par obtenir gain de cause : les soldats<br />

renoncent à leur entreprise. Ils visitent tout le presbytère, mais ne mettent pas le<br />

pied au château.<br />

Un officier nous dit alors : « Je vais vous conduire sous la sauvegarde de<br />

l'Allemagne », et il nous fait descendre la ruelle qui se trouve entre le jardin de<br />

M. le curé et notre propriété. Nous y heurtons le cadavre d'un soldat français. Ma<br />

pauvre mère souffrait d'une phlébite; instruit de son état, un officier lui permet de<br />

raster, mais un soldat ne l'entend pas ainsi et l'oblige à nous suivre. Finalement,<br />

elle obtient l'autorisation de retourner chez elle.<br />

Arrivés sur la grand'route, nous voyons toutes les maisons en feu : d'Evelette,<br />

Bouchât, Pimpurniaux, Wilmart, Rodrigue, etc. On nous conduit chez M me Ponceiet,<br />

un peu au delà du passage à niveau, où nous retrouvons d'autres civils de<br />

Dinant et de Bouvignes, prisonniers comme nous.<br />

Le lundi matin, le colonel nous réunit tous et nous dit : « Je croyais trouver en<br />

Belgique un peuple ami. Au lieu de cela, nous trouvons un peuple de bandits. Les<br />

civils ont tiré sur nous. Allez voir dans les rues de Leffe la vengeance allemande :<br />

il y a plus de cent cinquante cadavres de civils. »<br />

L'après-midi, le bruit se répand qu'on va bombarder la maison. Nous la quittons<br />

spontanément. Ce n'était qu'une fausse alerte provoquée par les soldats <strong>pour</strong> pouvoir<br />

piller à leur aise nos vivres. Je rentre chez moi et je vois la commune envahie par<br />

les Allemands qui fouillent partout à la recherche de soldats français. Ils font, en<br />

effet, plusieurs prisonniers.<br />

Ce même jour, les Allemands enlèvent les fusils et autres armes déposées<br />

par mon ordre à la maison communale. Aucun bon ne me fut remis à cette<br />

occasion.<br />

Le mardi, à midi, un capitaine accompagné de deux soldats me mande :<br />

« Monsieur le Bourgmestre, dit-il, on a tiré dans votre commune, vous êtes responsable,<br />

vous serez fusillé ». Immédiatement, les soldats m'empoignent et me<br />

conduisent contre le mur de la propriété de M. d'Evelette. Après deux ou trois<br />

heures, on me dirige vers la ferme de Meez. Là, nouvelle attente; enfin, des officiers<br />

à cheval se présentent et l'un d'eux me dit : « Nous avons fait une enquête, et il en<br />

résulte que l'on n'a pas tiré de cette commune, en conséquence vous êtes libre ».<br />

Le lendemain, je dois organiser une équipe de fossoyeurs <strong>pour</strong> enterrer les<br />

soldats tombés sur le territoire de la commune : vingt français et trois allemands (t).<br />

L'ambulance établie au château, qui avait hébergé le t5 août une cinquantaine<br />

de blessés français des 148 e et 33 e R. I. qu'on fit bientôt évacuer plus à l'arrière, en<br />

soigna tout autant après la bataille du 2.3 août. Us appartenaient cette fois aux 273 e<br />

et 3io e R. I. Parmi eux se trouvaient le commandant Staël du 273 e , le capitaine<br />

Bailly du 31 o e et le lieutenant Reubrez du 273 e . Lorsque, le lundi, un officier supérieur<br />

allemand vint visiter l'ambulance, il félicita le commandant français de sa vaillante<br />

conduite, et, en gage d'admiration, lui permit de garder son épée. Un médecin<br />

français et, après le 2.3, un médecin allemand furent attachés à l'ambulance. On eut<br />

(t) Après le t5 août, on avait déjà enterré dix soldats français.

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