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documents pour servir a l'histoire

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Wilke qui le raconte en témoin oculaire (i). Une perquisition de plus<br />

est cependant encore jugée nécessaire, et cette troisième fois elle sera<br />

exécutée par le lieutenant de réserve Wendt de la 7 e compagnie. Au cours<br />

de cette opération il fusille, lui aussi, quelques hommes (2). Il est même<br />

possible qu'il faille voir dans l'annexe 32, le récit d'une nouvelle visite de<br />

la fabrique par la 6 e compagnie.<br />

La vérité n'est pas si compliquée. La voici en deux mots : Soixante et<br />

onze hommes furent lâchement assassinés par groupes, quelques-uns isolément,<br />

les 23 et 24 août, près de la Papeterie Ravet, et enterrés le mardi<br />

dans le jardin de François Gaudinne, une des victimes. Le fait brutal<br />

était là, il fallait l'expliquer. Ici encore la légende des francs-tireurs venait<br />

bien à point <strong>pour</strong> disculper ceux qui, à les en croire, n'avaient que légitimement<br />

usé d'un droit de représailles.<br />

Après avoir donné l'explication allemande des cadavres amoncelés au<br />

pied des murs de la « Papeterie », écoutons le témoignage, simple dans<br />

sa forme, mais combien éloquent par son accent de sincérité, des femmes<br />

et des enfants qui ont vu tomber sous la balle des assassins qui un mari,<br />

qui un père, qui un fils, tous des parents.<br />

"Rapport de M lle Marie Gaudinne.<br />

N° 402. Le dimanche, de grand matin, au bruit du canon, nous sommes tous descendus<br />

dans la cave, nous y étions à neuf : mon père François Gaudinne (fig. u), ma mère<br />

Catherine Remacle, mon frère Jules (fig. 12), ma sœur Lucie et moi; de plus mon oncle<br />

Victor (dit Honoré) Englebert et sa femme Marie Remacle, ainsi que mon oncle<br />

Jules Remacle et sa femme Pauline Vincent. Nous entendons bientôt les Allemands<br />

frapper à la porte à coups de crosse (3). En remontant <strong>pour</strong> ouvrir, je vois déjà<br />

deux panneaux de la porte enfoncés. Un officier, revolver au poing, me demande :<br />

« Cachez-vous des Français? — Non. — Avez^vous des armes? — Non. » Ils<br />

envahissent la maison, et nous font tous sortir de la cave, après avoir consciencieusement<br />

visité toutes les places, sans rien trouver de compromettant bienentendu.<br />

En les voyant arriver, mon oncle Victor Englebert leur présente trois<br />

livres de beurre et deux pains : « Nous n'avons que faire de cela, lui fut-il<br />

répondu, ce sont des hommes qu'il nous faut ! »<br />

Mon oncle Jules Remacle, souffrant gravement de l'asthme, était étendu<br />

sur un matelas. Mon père, qui avait une maladie de cœur très prononcée, avait<br />

grand peine à marcher. Malgré toutes nos protestations, ils poussèrent les hommes<br />

(1) Annexe 26.<br />

(2.) Annexe 27.<br />

(3) Cette porte était naturellement fermée, quoi de reprehensible à cela? C'est ce que le capitaine Wilke<br />

appelle « barricadées... les portes étaient obstruées 1 » (Livre Blanc, annexe 26.)<br />

6i

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