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documents pour servir a l'histoire

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de la prison. Nous l'avons déjà vu le matin de ce dimanche aux prises<br />

avec les Allemands; il va, le soir, accompagner ses ouailles et les consoler<br />

par sa présence et par ses bonnes paroles, comme pendant toute la journée<br />

il avait exercé son ministère auprès des mourants et des blessés.<br />

N° 472. Quelque temps après l'alerte causée par les coups de feu tirés de toutes parts et<br />

levain espoir de voir les Français accourir à notre délivrance, nous recevons l'ordre<br />

formel de sortir de la prison : hommes, femmes et enfants; les blessés eux-mêmes<br />

ne sont pas exemptés, sauf ceux qui sont <strong>pour</strong> ainsi dire mourants. C'est ainsi que<br />

MM. Waeyens et Burton, malgré leurs blessures, sont poussés dehors et ne<br />

parviennent qu'à grand'peine à se tenir debout, grâce à l'obligeance de quelques<br />

voisins qui les soutiennent. M. Altenhoven, aidé de M- Toussaint-Houbion, porte<br />

sa fille Marie, qu'une balle avait frappée le matin même au ventre. M me Wasseige,<br />

qui ne savait pas encore qu'elle était veuve et qu'elle venait de perdre deux fils,<br />

doit porter sur son dos sa fille Marie-Thérèse, atteinte d'une maladie de cceur.<br />

Enfin M me Michat tient, serré sur son cceur, le cadavre de sa petite Andrée, âgée<br />

de 3 ans, tuée dans les bras de son mari, au moment où ils entraient dans la prison.<br />

(Voir récit n° 473.)<br />

Encadrés d'une double rangée de soldats, nous sommes conduits dans la direction<br />

des Rivages.<br />

Derrière le mur de la prison, nous passons près d'une jeune fille, couchée sur<br />

un matelas : c'est M" e Madeleine Marsigny, blessée mortellement à la tête le matin,<br />

étant exposée aux balles françaises <strong>pour</strong> protéger les soldats allemands (1). Un<br />

officier me demande si elle vit encore; je crois distinguer certains mouvements de<br />

respiration et je lui donne l'absolution. Je me disposais, sur le conseil de l'officier,<br />

à la mettre à l'abri dans une maison, lorsque les soldats qui ferment la marche nous<br />

bousculent et nous forcent à suivre le groupe des prisonniers.<br />

Arrivés près de la maison Defoy, nous apercevons les incendies des maisons des<br />

Rivages et de Neffe. Il pouvait être environ 19 h. 3o. Nos gardiens nous font<br />

d'abord descendre <strong>pour</strong> longer la Meuse, puis, quelque temps après, ils nous font<br />

remonter et reprendre la grand'route. Nous formions un groupe d'environ cinq<br />

cents prisonniers.<br />

Nous passons à côté des maisons en feu. Les unes s'écroulent déjà; d'autres<br />

forment un brasier ardent dont les flammes, qui nous éclairent comme en plein jour,<br />

nous lèchent <strong>pour</strong> ainsi dire et rendent notre situation fort périlleuse. Nous voyons,<br />

sous nos yeux, les Allemands mettre le feu à des immeubles qui avaient été<br />

épargnés jusque là. Un soldat portait un seau rempli de petites grenades. De la<br />

main il les prenait, les jetait dans les maisons et l'incendie s'allumait à l'instant. Au<br />

total, 120 maisons de ma paroisse furent brûlées. De droite et de gauche on me tire<br />

<strong>pour</strong> donner des absolutions, et les plus revêches en temps ordinaire à faire leurs<br />

devoirs religieux sont les plus empressés à se réconcilier avec leur Dieu au'moment<br />

du danger.<br />

(1) Les parents de la jeune fille, chassés par les soldats, venaient de se réfugier dans la maison de<br />

M. Dumont, où ils retrouvèrent le docteur Laurent et sa femme. (Voir récit n° 471.)

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