19.07.2013 Views

documents pour servir a l'histoire

documents pour servir a l'histoire

documents pour servir a l'histoire

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

268<br />

gardiens nous conduisent, mon confrère et moi, dans la petite sacristie, située à<br />

gauche du sanctuaire, où l'on nous enferme à double tour.<br />

Le bruit de ces mauvais traitements ne tarda pas à se répandre au dehors et<br />

parvint même jusqu'à l'État-Major résidant au château. Une enquête est ordonnée<br />

sur-le-champ, et, vers 22 heures, un sergent vient procéder à un interrogatoire<br />

sérieux. Le résultat ne tarda pas à s'en faire sentir. La soldatesque fut chassée de<br />

l'église et deux sentinelles, seulement, furent préposées à notre garde. On nous<br />

débarrassa de la corde qui nous retenait toujours attachés l'un à l'autre.<br />

La journée du jeudi fut calme et nous ne fûmes plus l'objet d'aucun mauvais<br />

traitement.<br />

Le vendredi, vers midi, un sergent vint nous chercher, le frère Patrice et moi,<br />

et nous ordonna de le suivre. Il nous fit traverser tout le village. Nous ne savions<br />

où il nous menait, lorsque, à la sortie de Leignon, notre étonnement fut grand de<br />

retrouver nos confrères que nous avions quittés le mardi précédent à Dinant. De<br />

part et d'autre l'émotion fut profonde et, « en communauté » cette fois, nous<br />

reprîmes le chemin de la captivité. Il ne fut plus fort long, car le lendemain on nous<br />

conduisit à Marche, au couvent des Pères Carmes, où nous devions rester jusqu'au<br />

24 septembre.<br />

Avant de clore ce chapitre, nous tenons à rapporter un fait bien<br />

édifiant qui nous rappelle les âges héroïques de la primitive église. Nous<br />

le tenons de l'abbé Baelde lui-même, curé de Leffe, qui mourut le<br />

9 avril 1918, victime de son dévouement patriotique.<br />

N° 5o3. Fait prisonnier à Bioul le 24 août 1914 lors de la retraite de Namur, j'obtins<br />

le surlendemain l'autorisation de retourner à Leffe, où j'étais curé avant la guerre<br />

et d'où j'avais dû partir le 4 août en qualité d'aumônier militaire attaché à la<br />

4 e division d'armée.<br />

Quand le 26 août, vers la fin de l'après-midi, je rentrai dans ma paroisse,<br />

mon église servait de prison à des civils dinantais : hommes, femmes et enfants.<br />

D'autres habitants étaient gardés dans l'abbaye des Pères Prémontrés. Quant aux<br />

religieux, ils étaient prisonniers dans les locaux de l'école régimentaire. Dès<br />

qu'ils apprirent mon arrivée, c'est-à-dire le jeudi 27, ils me firent demander la<br />

Sainte Communion. Ils ignoraient que mon église n'était pas libre. Ce n'est que le<br />

vendredi 28, et chez les Soeurs de charité de Bouvignes, que je pus célébrer la<br />

Sainte Messe. Quand je revins à Leffe, j'allai à l'école régimentaire; malheureusement,<br />

les religieux étaient partis <strong>pour</strong> Marche; je n'y trouvai plus que deux Pères<br />

et trois frères lais : tous étaient malades, vieux ou infirmes.<br />

Ce même vendredi, les prisons improvisées ayant été ouvertes, mon église<br />

redevint libre. Elle fut lavée, et le samedi 29 j'eus l'immense consolation d'y<br />

monter à l'autel. Je voulus de nouveau visiter les religieux restés captifs ; la<br />

sentinelle m'en empêcha. Par bonheur, M lle Marie Prignon, aujourd'hui institutrice<br />

à Dinant et âgée alors de 18 ans, s'offrit à me suppléer. Elle avait ses grandes et<br />

petites entrées à l'école régimentaire. Malgré les Allemands, elle put faire

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!