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documents pour servir a l'histoire

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de Prusse (i), les Français avaient évacué la rive droite et si des patrouilles<br />

passaient parfois encore le fleuve dans la journée, la ville était complètement<br />

abandonnée à elle-même pendant la nuit; notamment pendant celle du vendredi<br />

au samedi, il n'y avait pas de soldats français sur la rive droite. A l'appui de<br />

cette assertion, nous donnons le rapport du sergent-vaguemestre Maurice Derudder,<br />

du I er bataillon du 73 e régiment d'infanterie (2).<br />

N° 395. « Le I er bataillon du 73 e R. I. occupant la rive gauche de la Meuse à Dinant,<br />

je me trouvais au poste du chef de bataillon installé dans un hôtel, où j'avais<br />

décidé de passer la nuit du 21 au 22 août 1914 <strong>pour</strong> recueillir le courrier le<br />

lendemain matin et le porter à l'arrière de la division postale.<br />

La soirée était très calme et aucun coup de feu n'était tiré, lorsque subitement,<br />

vers 21 heures, nous entendîmes le bruit d'un tir engagé sur la rive droite,<br />

semblant provenir de mitrailleuses et de fusils, accompagné bientôt d'explosions<br />

dont il était difficile de définir la nature; le tout était couvert par le bruit de nos<br />

canons et la fusillade des nôtres, qui tiraient de la rive gauche.<br />

Le commandant Dachert se rendant immédiatement avec ses agents de liaison<br />

à proximité du pont, je le suivis et nous aperçûmes de violents incendies dans<br />

l'intérieur des quartiers d'habitations de la rive droite. L'intensité du bruit dominait<br />

et, aucune troupe ennemie ne se montrant sur le quai de la rive droite, le<br />

commandant décida d'envoyer une patrouille <strong>pour</strong> éclaircir la situation. Je me<br />

présente aussitôt comme volontaire et, accompagné d'un caporal et de quatre<br />

hommes, je traverse la Meuse en barquette, ne pouvant franchir le pont miné<br />

et barré de réseaux de fil de fer. Pendant la traversée nous entendons des appels<br />

au secours de la population civile auxquels nous ne répondons pas.<br />

Nous abordons rive droite et, laissant un homme à la barque, nous nous<br />

faufilons à travers les rues dans la direction des flammes; nous n'entendons plus<br />

aucun coup de fusil. Nous arrêtons bientôt quelques civils et, après un bref interrogatoire,<br />

nous apprenons qu'une attaque allemande contre la population venait<br />

d'avoir lieu ; nous faisons passer ces civils devant nous <strong>pour</strong> nous conduire sur<br />

l'emplacement de l'attaque et nous les suivons tout en nous dissimulant. Nous<br />

arrivons ainsi à la rue Saint-Jacques qui est en flammes et je fais immédiatement<br />

reconnaître la rue. Seuls, quelques habitants victimes de l'incendie combattaient le<br />

feu ; la population, n'osant pas sortir, restait enfermée dans les maisons non atteintes.<br />

Prévenu que des pétards non exploses se trouvaient le long des murs et<br />

jugeant qu'ils pouvaient encore éclater par communication des étincelles, je me<br />

fais aider par les civils, qui m'apportent de l'eau dans laquelle je plonge ces<br />

pétards-bombes, puis, par mes hommes, je les fais jeter dans la Meuse. Il y en<br />

avait une quarantaine, tous de grandes dimensions sur palettes en bois; j'en<br />

conservai quelques-uns comme exemplaires.<br />

Je fis faire des recherches dans toute la rue et je ramassai ainsi quantité<br />

d'objets très intéressants : entre autres des calots allemands de différents régiments<br />

(t) Livre Blanc, Aperçu général, p. 117.<br />

(z) Paris, Direction du Contentieux et de la Justice militaire, dossier 387, rapport tz63.<br />

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