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documents pour servir a l'histoire

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l52<br />

prends courage, tu n'es que prisonnier ! » Il m'a répondu : « Mon Dieu, m'fie,<br />

n'abandonne jamais mes enfants, nous y sommes! » Alors les soldats m'ont<br />

repoussée et m'ont fait rentrer dans la cour.<br />

Henriette Jaumot qui, après avoir donné à boire aux soldats, était<br />

demeurée sur le seuil de la porte du café Bouille, vit les Allemands mener<br />

les trois hommes vers le milieu de la rue et les fusiller à bout portant<br />

tandis que Thirifays était assassiné sur le trottoir. Ceux qui se trouvaient<br />

à l'étage de la maison purent de la fenêtre se rendre compte du meurtre<br />

qui se perpétrait tout près d'eux. C'est ainsi que M me Octave Hubert,<br />

Germaine Laurent, et d'autres encore ont assisté à l'exécution des quatre<br />

victimes (i).<br />

Qu'est-ce qui a mérité à ces personnes inoffensives ce sort si cruel ?<br />

Nul ne saurait le dire, car aucun grief ne fut relevé à leur charge, et<br />

aucun jugement ne fut prononcé contre elles.<br />

Du reste, il faudrait rechercher la cause du changement complet<br />

d'attitude des soldats qui se trouvaient aux alentours de la maison Bouille.<br />

Le matin, ils s'étaient montrés relativement calmes et compatissants : nous<br />

les avons vus distribuer des vivres aux prisonniers et même des bonbons<br />

aux enfants. Et les voici changés en véritables tortionnaires : s'amusant à<br />

intimider leurs victimes, incendiant les maisons voisines, essayant même<br />

de mettre le feu aux locaux qui renfermaient des centaines d'habitants,<br />

comme nous allons le raconter, et fusillant, sur un choix arbitraire, une<br />

vingtaine d'innocents, car le meurtre des quatre premières victimes<br />

n'avait pu apaiser leur soif de sang !<br />

Sans rechercher plus loin la cause de ce brusque revirement, on<br />

<strong>pour</strong>rait en trouver l'explication dans l'état d'ivresse où se trouvaient<br />

alors la plupart des soldats de l'armée si bien disciplinée de l'empereur<br />

d'Allemagne !<br />

Toutes les dépositions de ceux qui sont arrivés assez tard à la forge<br />

ou à l'écurie de M. Bouille sont d'accord <strong>pour</strong> affirmer que les soldats<br />

qui se trouvaient à proximité s'adonnaient à une beuverie sans nom.<br />

« J'ai vu, dit Jules Pierrard, une table dressée devant la maison de<br />

M me veuve Hubin; elle était couverte de bouteilles et de verres :<br />

officiers et soldats y buvaient sans discontinuer. » Le colonel Roulin<br />

s'exprime ainsi au sujet de cette table : « On y faisait boire les soldats<br />

(1) M me Engène Février obtint, le mardi après-midi, la permission de venir relever le cadavre de<br />

son mari qu'elle fit transporter au cimetière de Leffe. Al mes Frankinet et Grigniet virent encore le mardi<br />

matin plusieurs cadavres sur la rue. Ils furent ensuite jetés dans la cave de l'ancienne forge, qui était brûlée.

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