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documents pour servir a l'histoire

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N° 498. Rapport de M lu Nelly Laurent.<br />

M'étant rendue de bonne heure, le dimanche 23 août, chez les Pères Oblats,<br />

<strong>pour</strong> y entendre la Sainte Messe, j'y ai été surprise par le bombardement et j'y suis<br />

restée toute la journée (t). Vers t8 heures, le [eu gagnant le quartier, le Père<br />

Supérieur a pris le Saint^Sacrement qu'il a déposé dans une valise et tous nous<br />

nous sommes rendus chez les Sœurs de Charité, où nous avons reçu l'absolution.<br />

Bientôt nous voyons arriver, éperdus, affolés, des femmes et des enfants<br />

revenant de la rue Leopold où ils avaient assisté au massacre des hommes. Nous ne<br />

voulions pas ajouter foi aux récits qu'on nous faisait des atrocités, et que nous<br />

pensions devoir attribuer à un affolement provoqué par une grande terreur.<br />

Sur ces entrefaites, Anciaux, l'agent de police, qui s'était péniblement traîné<br />

jusque chez les Sœurs, frappe à la porte et nous le voyons entrer affreusement<br />

blessé. Tout à coup nous nous rendons compte que l'incendie, qui fait des progrès,<br />

est bien près de menacer le couvent des Sœurs et tous nous allons sur la Place de<br />

Meuse nous installer sur la berge à la grâce de Dieu (2). Beaucoup de monde s'y<br />

trouvait déjà. Toutefois, ne nous sentant pas plus en sécurité à cet endroit,<br />

quelqu'un nous suggère l'idée d'aller nous cacher dans la ruelle des Veaux (fig. 212,<br />

n° 36) où nous retrouvons le vieux M. Robbe. Nous y étions une douzaine de per-'<br />

sonnes. C'est vers 23 heures que nous avons entendu tomber les grosses cloches de<br />

la Collégiale. A minuit, nous avons tous communié de la main du Père Supérieur<br />

des Oblats. Sœur Virginie et Sœur Octavie ne nous y avaient pas suivis, ne<br />

voulant pas abandonner un pauvre blessé français à qui elles prodiguaient<br />

leurs soins (3).<br />

A 3 heures du matin, n'entendant plus rien et ne voyant plus de soldats<br />

allemands, nous avons cru pouvoir rentrer chez les Sœurs (4). En y arrivant, nous<br />

avons entendu le malheureux Anciaux gémir et, avec le Père Colas, je l'ai transe<br />

porté dans une chambre.<br />

Un peu après, le Père Colas et moi nous nous sommes rendus chez mon frère<br />

Albin où nous avons trouvé toutes les portes ouvertes, et la maison vide. En<br />

cours de route nous avons rencontré Alphonse Ory, gravement blessé aux reins,<br />

et l'avons conduit chez les Sœurs. Cela fait, nous sommes allés à la prison et de là<br />

nous nous sommes risqués jusqu'au mur de M. Tschoffen, où se trouvait un<br />

monceau de cadavres. C'était un enchevêtrement indescriptible de corps, de<br />

bras et de jambes d'où émergeaient quelques têtes seulement, dont la plupart<br />

étaient méconnaissables; plusieurs avaient le crâne emporté, par exemple<br />

M. Wasseige.<br />

Le premier moment d'horreur passé, je me suis approchée et j'ai crié : « C'est<br />

(1) Après la messe quand elle voulut sortir du couvent des Pères, un Allemand posté au carrefour de chez<br />

Bouille, a tiré sur elle. La balle a sifflé à ses oreilles.<br />

(a) Anciaux n'étant pas transportable, demanda à être caché dans un buisson du jardin.<br />

(3) Fernand Leroux, d'Armentières, blessé le îS août. Il est mort vers la fin du mois dans le lazaret<br />

établi par les Allemands chez les Pères Oblats.<br />

(4) En cours de route, le Père Supérieur distribua la Sainte Communion aux Sœurs de l'Immaculée<br />

Conception et à une quarantaine de personnes réfugiées chez M Ue Delforge.

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