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documents pour servir a l'histoire

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N° 447- J'étais dans la forge Bouille ; un officier entra tout à coup et désigna au hasard<br />

quelques jeunes gens et les entraîna dehors. Je fus de ce nombre. A coups de<br />

crosse, on nous conduisit devant l'ancienne forge. Là, nous sommes obligés de lever<br />

les bras et de demeurer fort longtemps dans cette pénible position. Entre-temps, les<br />

soldats nous menaçaient et nous frappaient parfois.<br />

A un moment, je vis une femme arriver en courant et se diriger vers l'Institut<br />

des Soeurs de Charité, c'était l'épouse Anciaux. Des soldats l'aperçurent et tirèrent<br />

dans sa direction. Elle se rendit auprès d'eux. Ils l'empoignèrent, et, la forçant<br />

aussi à lever les bras, ils la placèrent devant nous. En face, des soldats<br />

étaient alignés sur trois rangs; les premiers avaient un genou à terre. Au commandement<br />

de l'officier, les soldats déchargèrent leur fusil et nous sommes tous<br />

tombés... Je ressentis une grande douleur au bras gauche, mais je ne bougeai pas<br />

et je fis le mort.<br />

Je dois avoir perdu connaissance, car je ne me rappelle pas avoir vu le cortège<br />

des civils se rendant au mur Tschoffen et qui doit cependant être passé tout près<br />

de moi. Lorsque je me rendis compte qu'il n'y avait plus de soldats dans les<br />

environs, je me traînai chez les Soeurs de Charité, où je reçus aussitôt les soins que<br />

comportait mon état.<br />

§ 7. — Le lugubre cortège.<br />

A peine le cortège des quatorze victimes était-il passé devant<br />

l'écurie, dont la porte était restée ouverte, qu'un soldat vint la fermer,<br />

emportant les clefs et défendant de regarder par la fenêtre, sous peine<br />

d'être fusillé ! C'est à ce moment que, transis déjà de peur, les prisonniers<br />

entendirent la fusillade. Leur angoisse ne fit qu'augmenter.<br />

L'affolement devint effrayant tant parmi les civils enfermés dans<br />

l'écurie que parmi ceux qui se trouvaient dans la forge, lorsqu'ils virent<br />

les lueurs de l'incendie se rapprocher toujours plus du local où ils étaient<br />

retenus prisonniers (1). C'était en face, la maison de François Gilles qui<br />

brûlait, et, la rue étant fort étroite, le danger était menaçant (2).<br />

Adeline Renard, Mélanie Wolvert (veuve Vérenne), Augusta Collignon<br />

(veuve Roba), Aline Georges (veuve Lebrun), Louise Ronvaux,<br />

affirment avoir vu les soldats repousser dans les flammes un ou plusieurs<br />

civils. « Ils ont mis le feu chez François Gilles, raconte cette dernière,<br />

et quand les flammes envahissaient déjà l'étage, j'ai vu un homme briser<br />

le carreau d'une fenêtre <strong>pour</strong> s'échapper ; mais en voyant une dizaine de<br />

(1) On les avait du reste menacés de les brûler. Lorsque les portes s'étaient ouvertes <strong>pour</strong> laisser passage<br />

aux premières victimes, on avait pu apercevoir la paille accumulée dans la rue.<br />

(2) François Gilles vit lui-même un soldat lancer dans sa maison, par une fenêtre ouverte, une machine<br />

incendiaire qui a fait explosion.<br />

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