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documents pour servir a l'histoire

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du Rocher Bayard. Félicie Bétemps (19 ans) qui y a perdu sa mère, son<br />

frère, sa belle-sœur et son petit neveu de 19 mois, nous a raconté dans<br />

les termes suivants les scènes dont elle fut témoin (1).<br />

N° 476 Le dimanche, 23 août, ma famille et trois familles voisines se trouvaient réunies<br />

dans la cave de notre maison, située à Neffe, en face du Rocher Bayard (fig. 214, n° 6).<br />

Ma mère, Henriette Poncelet, était veuve et avait autour d'elle son fils Auguste,<br />

et sa belle-fille Zoé Burnay, ainsi que leur petit Maurice qui n'avait pas deux ans et<br />

moi. Les voisins réfugiés chez nous étaient au nombre de douze : les familles Baujot,<br />

Fivet et Marchot.Tous les membres des deux dernières furent tués, et quatre Baujot,<br />

père, mère et deux enfants, tombèrent dans la fusillade (fig. 145).<br />

Pendant toute la matinée, nous entendons le duel d'artillerie tonner au-dessus<br />

de nos têtes, mais, terrés dans nos caves, nous ne nous doutons pas encore de ce qui<br />

se passe à Dinant sur la rive droite<br />

Vers i5 ou 16 heures, n'entendant plus le canon français répondre à l'ennemi,<br />

nous sommes pris d'une vive panique et nous nous rendons chez notre voisin,<br />

M. Morelle, <strong>pour</strong> lui demander conseil. Il nous fait remarquer, avec raison, que fuir<br />

est impossible, sous peine de s'exposer aux balles allemandes ou même françaises,<br />

et que, dans cette alternative, le plus sage est encore de rester chez soi Nous nous<br />

rangeons à cet avis et rentrons dans la cave. A peine y étions-nous installés,<br />

qu'on frappe à la porte. C'est M me Roulin, blessée à la tête, qui nous raconte qu'une<br />

bombe est tombée sur sa maison, que celle-ci est en feu et que ses enfants et des<br />

voisins réfugiés chez elle ont été grièvement blessés, ou même tués. En effet,<br />

Germaine Roulin, épouse Balleux, et Juliette Herman avaient été tuées sur le coup.<br />

Henriette Roulin succomba à ses blessures.<br />

Quelques minutes après, M. Lecomte, ayant vu les Allemands traverser la<br />

Meuse en barquette, vient aussi nous demander l'hospitalité. Il est accompagné de<br />

sa sœur et de sa nièce (2). Cependant, tous ces voisins ne restent pas chez nous et<br />

vont se réfugier chez les Morelle, où ils se croient plus en sécurité (3). Un quart<br />

d'heure se passe dans une attente mortelle, lorsque tout à coup retentissent des<br />

coups violents frappés contre la porte. « Ce sont eux, dit mon frère, restez bien<br />

cachés, je vais ouvrir. » Il n'avait pas achevé de tirer les verrous que la porte était<br />

enfoncée et deux soldats entrent violemment en hurlant. Nous sortons tous, en levant<br />

les bras.<br />

D'autres soldats procédaient à la même manœuvre chez nos voisins, de sorte<br />

que nous voilà bientôt réunis une cinquantaine de personnes environ. On nous<br />

mène, en nous forçant à tenir toujours les bras levés, un peu plus en amont, juste en<br />

face du pont de bateaux que les Allemands commençaient à construire. Nous ignorions<br />

complètement la raison d'être de ces manœuvres, mais la vue des maisons en<br />

feu sur les deux rives et la brutalité de nos gardiens n'étaient pas de nature à nous<br />

rassurer. Nous étions cependant bien loin de soupçonner le sort qui nous attendait.<br />

(1) Cette déposition est en tous points confirmée par celle de M. Lecomte, de Neffe, lui aussi un escape<br />

de la fusillade du mur Bourdon.<br />

(1) Toutes deux furent tuées au mur Bourdon.<br />

(3) Toute la famille Morelle-Pinsmaille fut exterminée au mur Bourdon.<br />

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