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documents pour servir a l'histoire

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76<br />

Vers 14 heures, enfonçant portes et fenêtres, et vociférant comme des démons,<br />

les soldats firent irruption chez moi. Et tandis qu'ils montaient au grenier, je suis<br />

allée me cacher dans le water-closet établi dans la cour. Les Allemands prirent<br />

tous ceux qu'ils trouvèrent dans notre cave, et comme il n'y avait que des femmes<br />

et des enfants, ils les conduisirent chez les Prémontrés.<br />

D'autres soldats découvrirent ma cachette et m'en retirèrent brutalement.<br />

L'aîné de mes fils, Jules, m'ayant aperçue, voulut venir à mon secours : « Mon<br />

Dieu, maman, cria-t-il, on va vous tuer! — A la grâce de Dieu, m'fi, lui ai-je<br />

répondu. » Nos bourreaux aussitôt se sont emparés de Jules et, tandis qu'on me<br />

conduisait chez les Prémontrés, on tua l'enfant dans le corridor, où j'ai encore<br />

découvert des traces de sang quelques jours après. Son cadavre fut retrouvé dans<br />

la fosse commune du jardin Servais, en face de chez nous.<br />

Le soir, mes trois filles vinrent me rejoindre à l'Abbaye. Qu'étaient devenus<br />

mon mari, mon fils Georges et les autres hommes qui se trouvaient dans la cave<br />

du père Lissoir? J'appris qu'ils avaient, comme mes filles, passé par un trou que<br />

nous avions pratiqué dans le mur du jardin des Pères. Arrivés à l'Abbaye, ils s'y<br />

sont tenus cachés, mais lorsqu'ils apprirent que les Allemands y tueraient tout le<br />

monde, femmes et enfants, s'ils y trouvaient un seul homme, ils crurent de leur<br />

devoir de s'en aller. Ils profitèrent de l'obscurité <strong>pour</strong> s'enfuir dans la montagne.<br />

Que s'est-il passé alors? Ne les ayant plus revus, il ne m'est pas possible de<br />

reconstituer leur martyre, mais toujours est-il que dans le jardin Adam, on<br />

retrouva les cadavres de mon mari, de mon fils Georges, de mon beau-frère<br />

Gustave et de son fils Marcel, ainsi que ceux du père Lissoir et de son fils<br />

Camille (i).<br />

Ce même jour, mon père, Jules Materne (fig. 82) et sa femme, Marie Taton<br />

(fig. 81), furent tués près de leur demeure, rue Saint-Jacques (2). Je restais donc<br />

toute seule avec mes trois filles, dont la plus jeune avait onze ans.<br />

M" e Juliette Maudoux va nous raconter dans quelles circonstances<br />

elle se sauva avec sa mère chez les Prémontrés, et ce qui advint de tous<br />

ceux qui l'accompagnaient.<br />

La maison que nous occupions, tout contre l'abbaye des Prémontrés (fig. 210,<br />

n° 2), était habitée d'un côté par ma mère et moi, de l'autre côté par la famille<br />

Jacquet : les parents et le ménage Charlier-Jacquet avec leurs quatre filles.<br />

(t) Tous les hommes n'avaient pas quitté ta cave de la maison Lissoir, quelques-uns y étaient restés,<br />

parmi lesquels Alfred Herbay, dont nous tenons ces détails. Vers 17 heures, des soldats entrèrent dans la cave,<br />

mais n'y découvrirent pas ceux qui s'y tenaient bien cachés. Le soir, ceux-ci se faufilèrent jusque dans la montagne,<br />

où le groupe se dissémina; Herbay resta avec Eugène Disy, et tous deux demeurèrent dans les buissons<br />

jusqu'au vendredi matin.<br />

(2) Us avaient passé la nuit du 2.1 au JI3 avec leur fille Julia, épouse Nestor Toussaint, dans les caves<br />

de la brasserie Nicaise, rue Saint-Pierre. Le dimanche matin, ils ont voulu rentrer chez eux <strong>pour</strong> y soigner<br />

leur bétail, mais ont été surpris par le bombardement. Les circonstances de leur mort nous échappent, mais on<br />

a trouvé leurs cadavres dans leur jardin. Le jeudi, après sa libération, Zélie Materne elle-même les y a<br />

enterrés.

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