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documents pour servir a l'histoire

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Le lundi matin, notre situation était intenable. L'eau, le froid, la fatigue, la<br />

faim, l'épuisement nous avaient mis à bout. Un petit détail le fera bien comprendre.<br />

Jules Mosty s'était assis sur une nasse en fer <strong>pour</strong> poissons, et s'y était endormi,<br />

malgré le danger de tomber dans le ruisseau (t).<br />

Vers 8 heures du matin, nous décidons de remonter dans le jardin <strong>pour</strong> y<br />

cueillir des fruits. Nous étions à peine remontés, que nous entendons des coups de<br />

feu et nous apercevons Frédéric Castiaux s'engouffrant dans le ruisseau. Réfugié<br />

depuis la veille dans la maison Capelle, rue des Tanneries, Castiaux avait voulu l'abandonner,<br />

mais, <strong>pour</strong>suivi par les coups de feu des Allemands, il venait se cacher dans<br />

le « Ry ». Nous regagnons, nous aussi, le ruisseau et nous rejoignons avec lui le<br />

groupe des Stéphenne blottis sous la rue des Tanneries.<br />

Ne pouvant indéfiniment rester ainsi dans l'eau et mourant de faim, nous<br />

sortons de notre réduit. Nous remontons dans la brasserie à l'aide de la roue<br />

hydraulique, puis, n'apercevant pas d'Allemands dans la rue Saint-Pierre, nous la<br />

traversons et nous nous sauvons dans la montagne, où nous voyons les cadavres de<br />

la femme Bovy et de ses enfants, ainsi que celui de Constantin Demuyter.<br />

Des troupes allemandes qui défilaient sur le quais de Meuse nous ont vus<br />

escalader les terrasses et ont tiré sur nous. C'est alors que quelques-uns se sont<br />

réfugiés dans la tour carrée (2), où ils ont été faits prisonniers. D'autres, parmi<br />

lesquels les Stéphenne, se sont dirigés vers Malaise. Emile Cassart, la veuve<br />

Marchai et son fils, le vieux Donnay et moi, nous nous sommes avancés dans la<br />

direction de la rue Saint-Jacques, jusque derrière la maison d'Adolphe Puissant.<br />

Tandis que les autres étaient blottis dans une remise, Cassart et moi nous restâmes<br />

cachés dans un w-c.<br />

Le mercredi, Donnay s'aventura jusque dans la rue Saint-Jacques, mais il vint<br />

nous rapporter qu'il y avait encore des Allemands partout. Nous fûmes, l'aprèsmidi<br />

de ce même jour, sur le point d'être découverts, car des soldats, accompagnés<br />

de chiens policiers, traquaient partout les civils. Emu par ces transes continuelles,<br />

Emile Cassart ne voulut plus rester dans notre cachette et nous passâmes la nuit du<br />

mercredi au jeudi sous un berceau du jardin voisin.<br />

Le jeudi, M. Brosteaux vint nous dire qu'on pouvait librement circuler en ville,<br />

moyennant un passeport qu'on délivrait à la caserne. Nous nous y rendîmes aussitôt<br />

et un permis de circulation nous fut, en effet, octroyé, grâce auquel nous pûmes<br />

parcourir la ville en cendres.<br />

§ 3. — "Les tueries de la rue Saint~Pierre.<br />

Le récit qu'on va lire et qui est dû à la plume de Maurice Lion, nous<br />

dépeint sur le vif la façon dont se comportèrent les troupes allemandes,<br />

rue Saint-Pierre, <strong>pour</strong> procéder aux perquisitions dans les maisons.<br />

(1) J- Mosty avait été blessé à la joue et à la jambe.<br />

U) Cette tour carrée qui faisait partie des anciennes fortifications se trouve à peu près à mi-côte au dessus<br />

de la rue Saint-Pierre, un peu à droite du gazomètre.<br />

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