19.07.2013 Views

documents pour servir a l'histoire

documents pour servir a l'histoire

documents pour servir a l'histoire

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

ignoblement ». François Gillain dit qu' « ils buvaient sans discontinuer »,<br />

et Nestor Trembloy raconte que tous les soldats avaient sous les bras<br />

et dans les poches des bouteilles, et ils buvaient sans trêve (t) ».<br />

Quoi d'étonnant après cela que, grisés par le vin, ces soldats abandonnés<br />

à eux-mêmes, se soient laissés emporter par les instincts les plus<br />

cruels et les plus bas de la nature humaine. « Un soldat titubant<br />

voulut tirer dans l'écurie Bouille, dit François Gillain dans sa déposition,<br />

mais un sous-officier parvint, quoique difficilement, à l'en empêcher. »<br />

Quelle autorité pouvaient encore avoir les chefs sur des êtres qui n'avaient<br />

plus de l'homme que le nom!<br />

Ce qui mit au comble l'exaspération de ces soldats ce fut la vue d'un<br />

de leurs officiers blessés que l'on transportait sur une civière. Louise<br />

Ronvaux l'a vu par la porte entr'ouverte de l'écurie, et en lui montrant<br />

le poing le blessé lui a crié : « Vous avez versé mon sang, je ferai<br />

verser le vôtre ! (z) » Paul Vanheden l'a remarqué également « et c'est<br />

alors, ajoute-t-il, qu'un officier est entré dans l'écurie, revolver au<br />

poing, disant que les civils avaient encore tiré sur les troupes allemandes ».<br />

L'officier s'est précipité en coup de vent dans la forge, et criant<br />

comme un enragé a demandé qui avait tiré sur eux. « Vous avez tué nos<br />

soldats, s'écria-t-il, vous allez être tous fusillés, hommes, femmes et<br />

enfants (3). » Alors des soldats sont entrés et au hasard ont pris<br />

quatorze hommes : Edmond Lambert, Jules Ddbbeleer, Charles Belot,<br />

Henri Romain, Joseph Sauvage, Alfred Brihaye, Victor Toussaint,<br />

Camille Wilmotte, Auguste Sauvage, Camille Lemaire, Marcel Vérenne,<br />

Edmond et Maurice Roucoux, et Victor Coupienne- Par la porte ouverte<br />

de l'écurie, les civils qui y étaient détenus ont vu passer le cortège : on<br />

faisait avancer ces condamnés à mort à coups de crosse et à coups de<br />

poing. Louise Ronvaux prétend même avoir vu un fils Sauvage tué à coups<br />

de baïonnette en face de la porte de l'écurie. Du café Bouille, où elle se<br />

trouvait, M me Edouard Lemineur vit les Allemands s'en prendre particulièrement<br />

au jeune Camille Lemaire, âgé à peine de 17 ans, et le martyriser.<br />

« On lui a pris les mains, dit-elle, et on les lui a tirées derrière<br />

le dos, puis on les a violemment ramenées devant, en les croisant, puis<br />

(1) Les Allemands avaient, entre autres, à leur disposition sur place, dès le matin, les caves de<br />

MM. le docteur Baivier, V. Piérard, et plus tard celle de M- Léon Henry, qu'ils pillèrent toutes trois<br />

consciencieusement.<br />

(ï) Même témoignage de M me Fernand Panier. — Cet officier avait été blessé aux abords du jardin<br />

de M. le docteur Laurent.<br />

(3) Témoignage de Nestor Trembloy.<br />

153

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!