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documents pour servir a l'histoire

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38<br />

conseil de prendre le chemin moins raide qui y mène par la rue Saint-*<br />

Jacques. Alors la population de Dinant, qui commençait à oser se montrer<br />

sur le seuil des maisons, vit avec joie descendre le drapeau allemand qui<br />

flottait depuis midi sur la Citadelle, et qui fut remplacé par l'étendard frangeais.<br />

A ce geste, les applaudissements éclatent de toutes parts, et les habitants<br />

entonnent avec les troupes la Marseillaise. Démonstrations que, huit jours<br />

plus tard, l'ennemi allait cruellement faire expier aux Dinantais. Tandis que<br />

la cavalerie entame la <strong>pour</strong>suite, l'infanterie ramenée sur la rive gauche à<br />

la tombée de la nuit, s'établit dans la ville en cantonnement d'alerte.<br />

Avec les soldats français, était monté Camille Giltia, le gardien de la Citadélie.<br />

« Je suis entré dans la cour, raconte-t-il, et j'ai indiqué à l'officier toutes<br />

les issues du fort, car on craignait qu'il ne fût miné. J'ai vu sur les glacis<br />

bon nombre de soldats français du 33 e et du 148 e tués et plusieurs Allemands.<br />

Dans la cour, j'ai aperçu deux soldats français, la tête séparée du<br />

tronc. Ils doivent avoir été achevés, car ils étaient déjà blessés, ayant des<br />

pansements autour du bras et des genoux (1). J'ai vu aussi deux blessés<br />

allemands qu'on a descendus à l'Hôtel de la Citadelle, et un blessé français<br />

resté caché, qui m'a dit avoir vu achever ses deux camarades. » Ce témoignage<br />

est confirmé par celui du sergent-major Fernand Noygues, du 8 e . Le<br />

capitaine Portalier, du même régiment, rapporte un crime plus odieux encore.<br />

Il a vu à la Citadelle de Dinant un caporal pendu, ayant les parties sectionnées.<br />

Ce n'étaient malheureusement pas les seules victimes ainsi outragées.<br />

Voici ce que dépose, sous la foi du serment, Fernand Veres, du 84 e (2) :<br />

« Entré à Dinant avec le 84 e à la tombée de la nuit, j'ai passé la Meuse<br />

le soir même avec ma section et suis allé, ainsi que mes camarades, à la<br />

Citadelle. J'y ai vu des cadavres du 33 e et du 148 e dans les escaliers et<br />

sur la plate-forme ; trois étaient pendus, dont deux soldats et un caporal. Le<br />

caporal, qui appartenait au 148 e , était pendu par le ceinturon à un arbuste<br />

et avait les parties coupées, la culotte et le caleçon étant tombés, sur les<br />

chaussures et pleins de sang. Les deux soldats, dont je ne connais pas le<br />

régiment, étaient également pendus. Je n'ai pas eu le temps de regarder s'ils<br />

étaient mutilés, parce que la section avait reçu l'ordre de revenir sur la<br />

rive gauche de la Meuse (3). »<br />

* *<br />

Qu'advint-il de la population dinantaise pendant la bataille du i5 août?<br />

Tout d'abord les dégâts matériels ne furent pas très considérables. Quelques<br />

immeubles de la rive gauche eurent seuls à souffrir; mais, fait digne<br />

de remarque, ce furent surtout l'hospice de Dinant (fig. 254, n° 24) et le château de<br />

M. Amand à Bouvignes (fig. 214, n° 45), qui furent le plus directement visés, bien<br />

que tous deux eussent arboré la Croix-Rouge et qu'en effet de nombreux blessés y<br />

fussent soignés.<br />

U) Confirmé par le témoignage de Camille Puissant,<br />

(a) 8 e compagnie, i re section.<br />

(3) Cette déposition, et les précédentes, nous les avons trouvées à Paris, à la (( Direction du Con.tentieux<br />

et de la Justice militaire. B Dossier 5z3.

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