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documents pour servir a l'histoire

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dans votre ville incendiée, » selon la déposition d'Henriette Jaumot ; ou<br />

encore : «Les femmes et les enfants, retournez dans le feu», d'après la<br />

version d'Adeline Renard. Et alors commença <strong>pour</strong> ces êtres sans protection<br />

et sans abri, traqués partout et partout chassés, une lugubre<br />

randonnée à travers les rues en flammes de la pauvre cité en deuil !<br />

§ 9. — Le sort des veuves et des orphelins.<br />

La plupart des femmes, accompagnées de leurs enfants, reprirent la<br />

direction de la Place de Meuse par la rue Saint-Roch. C'est ainsi qu'elles<br />

repassèrent devant les cadavres de la forge Bouille et que, selon le<br />

témoignage de plusieurs d'entre elles, le fils Sauvage vivait encore, et<br />

demandait instamment à boire (i)-<br />

Tandis que Pauline Sorée, dont le mari, Octave Hubert (fig. 128),<br />

venait d'être fusillé, se sauvait avec ses petits enfants et traversait la Place<br />

Saint-Roch, un soldat se jeta sur elle et lui aurait fait un mauvais coup,<br />

si un autre Allemand, passant par là, n'avait abattu le soldat coupable (2).<br />

N° 455. Nous sommes arrivés Place de Meuse, continue Pauline Sorée. Nous avons<br />

voulu nous réfugier chez Trinteler, mais, le feu progressant toujours, nous avons dû<br />

nous sauver. Nous nous sommes tous alors couchés par terre derrière le kiosque.<br />

Une patrouille, passant sur la route de Neffe, a dirigé sur nous des projecteurs et a<br />

fait feu. Nous nous sommes enfuis dans la direction de la rue des Fossés, mais des<br />

soldats, placés au bout de la rue, ont commencé à tirer. Ne sachant plus de quel<br />

côté nous diriger, nous avons pris la rue des Trois-Escabelles, près de la maison<br />

Leblanc, qui brûlait. Mon petit m'a crié : « Maman, ton jupon prend feu ». En effet,<br />

je m'étais trop approchée des flammes qui nous léchaient. Nous avons vu l'église<br />

Saint-Nicolas s'écrouler (fig. 107) et finalement nous avons abouti aux Dames<br />

Blanches où nous nous sommes couchés dans le jardin. Mes petits enfants que<br />

je traînais avec moi étaient à bout de forces. Mais, soudain, des bruits étranges<br />

nous ont fait sursauter. Nous nous sommes remis à fuir. Pas question de rentrer<br />

chez nous rue Saint-Roch, car le feu gagnait de tous côtés. J'ai revu les cadavres<br />

de la forge Bouille et du tas des victimes une voix s'est élevée qui a crié : « Pauline,<br />

sauve-moi ». Mais je ne pouvais rien et, affolée, ne sachant plus où diriger mes<br />

pas, j'ai suivi M. Brasseur qui entrait chez Salkin, rue du Pont-en-Ile. Là mes<br />

enfants se sont endormis dans le vestibule.<br />

Nous avons tenu à reproduire ce récit <strong>pour</strong> montrer ce que fut cette<br />

nuit tragique <strong>pour</strong> ces malheureuses femmes qui, après avoir assisté à<br />

(1) D'après les dépositions de Louise Ronvaux, Blanche Lenel, Pauline Sorée et Mathéa Fauquet.<br />

(2) Témoignage de la veuve Hubert elle-même, et d'Aline Georges, veuve Lebrun, qui assista à toute la<br />

scène.

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