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documents pour servir a l'histoire

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Au delà de la maison d'Achille Stéphenne, nous constatons que le père Couillard<br />

et Jules Monard ne suivaient plus. C'est là, en effet, qu'ils ont été tués et qu'on a<br />

exhumé leurs cadavres, mais au moment même personne ne s'est rendu compte de<br />

ce qui se passait (i).<br />

Nous étions arrivés presque en vue des premières maisons de Gemechenne,<br />

lorsque nos gardiens séparèrent les hommes, et conduisirent les femmes dans une<br />

prairie au-dessus de la «Maison Blanche». Tandis que nous étions là, les mains<br />

toujours liées, j'ai vu passer sur la route mon mari Léon Simon, Théophile Bouchât<br />

et Amand Couillard, accompagnés de sept soldats et d'un officier monté sur un<br />

cheval blanc. Les Allemands leur firent grimper le talus gauche de la route, les<br />

mains toujours liées derrière le dos, et sous les coups de crosse de fusil. Quelque<br />

temps après, on vit revenir les soldats seuls. Qu'avaient-ils fait des civils? On ne le<br />

sut pas alors, mais, le 9 septembre, on exhuma leurs cadavres au lieu dit « Tienne<br />

d'Orsy » (2).<br />

Quant à nous, on nous avait finalement délié les mains. Becker, Puissant et le<br />

gérant de la Maison du Peuple sont venus rejoindre notre groupe, tout en étant<br />

gardés séparément.<br />

Au milieu de l'après-midi, on nous a fait entrer dans une grange de Gemechenne,<br />

où l'on nous a distribué des carottes et du genièvre; puis, à la tombée du<br />

jour, on nous a dirigés vers Sorinne tout en feu, où nous avons été enfermés au<br />

rez-de-chaussée de la maison Capelle, à l'étage de laquelle se trouvaient déjà<br />

prisonniers des habitants de Gemechenne. Nous avons partagé leur sort, et après<br />

bien des péripéties, nous sommes arrivés à l'église de Leignon, où nous sommes<br />

restés jusqu'au vendredi.<br />

Les familles Bourdon, Lion et Maillen, de la rue Sax, avaient<br />

partagé ensemble les angoisses de la journée. Celle-ci s'avançant, elles<br />

espéraient déjà échapper à l'ennemi, lorsque vers le soir, celui-ci les<br />

découvrit dans leur cachette ; il tua les hommes et emmena les femmes<br />

prisonnières. L'une d'elles, Clémentine Derulle, veuve de Joseph<br />

Bourdon, nous a raconté toutes les péripéties de ce drame sanglant.<br />

N° 434. Après les événements du 21, presque tous les habitants de notre quartier<br />

avaient fui. Je suis néanmoins restée chez moi, rue Adolphe Sax, n° 45, avec mon<br />

mari et nos locataires Amand Lion, horloger, et son fils Jules. Notre voisine,<br />

M me Maillen, et sa fille ainée Palmyre (3), sont venues passer la nuit avec nous<br />

femme qui, à cause de ses rhumatismes, n'aurait pu les suivre. Eïte est restée jusqu'au jeudi dans une cave<br />

creusée dans la montagne et de là a vu l'incendie de sa maison et de celles des voisins. (Déposition d'Alice<br />

Toussaint, veuve de Jules Monard.)<br />

(1) M. Becker, qui a vu s'accomplir le crime, donne les détails suivants : « Près de la maison d'Achille<br />

Stéphenne un grand officier s'est élancé vers Jules Monard et Auguste Couillard en leur disant : « Vous avez<br />

tué deux de nos officiers M » et de trois coups de revolver il les a abattus tous les deux. »<br />

(2) Le D r Cousot et le gardes-champêtre Joseph Puissant ont assisté à l'exhumation.<br />

(3) Son autre fille, Marie, s'était réfugiée chez sa sœur, M. œB Mossiat, au quartier Sainî^Nicolas. Le soir<br />

du 2.3, ceux qui se trouvaient avec elle cachés dans une cave constatèrent son absence, sans pouvoir se rendre<br />

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