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documents pour servir a l'histoire

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abondamment. Mon pauvre père n'a pas tardé à rendre le dernier soupir sans pro- 1<br />

noncer un mot.<br />

Aussitôt après, les Allemands sont arrivés et nous ont fait sortir de notre<br />

réduit, en nous obligeant à lever les bras. Mon mari, mon frère Arthur et le jeune<br />

Chabotier sont mis à part avec notre voisin Auguste Jacqmain, tandis que les femmes<br />

sont conduites chez M. Simonet. Après une demii-heure, on nous dit de nous rendre<br />

au couvent des Pères blancs. Je vis, en face de la maison Adam, un tas de cadavres<br />

dont je détournai les yeux. J'appris plus tard que parmi eux se trouvaient ceux de<br />

mon mari, de mon frère, de Louis Chabotier et d'Auguste Jacqmain.<br />

Lorsque le jeudi nous sommes rentrées chez nous, maman et moi, nous y avons<br />

encore trouvé le corps de mon père toujours à la même place, seulement on lui<br />

avait retourné les poches! (i).<br />

Ce n'est pas sans émotion qu'on lira le rapport de Marie Robert,<br />

veuve d'Ernest Fondaire, qui raconte la mort tragique de son mari, de<br />

sa fille et de ses deux fils aînés.<br />

N° 410. J'habite rue des Fondsde Leffe au centre des maisons dites «ouvrières» (n° io3).<br />

Nous avions passé dans la cave la nuit du samedi au dimanche, en compagnie de<br />

quelques voisins. Quand les Allemands entrèrent chez nous, vers midi seulement,<br />

je m'y trouvais avec mon mari Ernest Fondaire (46 ans) (fig. 25), ma fille Pauline<br />

(18 ans) (fig- 26), mes deux garçons Robert et Marcel, âgés respectivement de 17<br />

et i5 ans, et mon petit Vital. J'attendais mon cinquième enfant! Entendant les<br />

soldats enfoncer la porte et tout saccager, nous sommes remontés, et nous nous<br />

sommes enfuis par la porte du jardin. Nous étions à peine sortis, qu'une grêle de<br />

balles s'abattit, et des soldats se ruèrent <strong>pour</strong> nous constituer prisonniers. Mon<br />

mari et mes deux fils aînés me furent enlevés. J'appris plus tard qu'on les avait<br />

fusillés contre le mur de la papeterie Ravet.<br />

Je vis les Allemands s'emparer d'un de nos voisins, Emile Pire, qui était aveugle,<br />

et de son fils Antoine (2). Tous deux furent tués près de la propriété de M. l'avocat<br />

Adam.<br />

Comme des enragés, les soldats nous bousculèrent et nous poussèrent dans le<br />

ruisseau qui coule au bout de notre jardin. J'y tombai ainsi que ma fille et mon<br />

petit Vital. Je vis alors une brute arracher la petite Marguerite Banse, âgée à peine<br />

de deux ans, des bras de son père, et la jeter à l'eau (3). Je parvins à la sauver, au<br />

moment où elle allait se noyer. Un docteur, plus humain, nous aida à remonter la<br />

berge et je rentrai chez moi, tenant toujours dans mes bras la petite Marguerite.<br />

J'avais vu ma fille Pauline entrer dans la maison, accompagnée d'un officier,<br />

(t) Le lendemain, vendredi, Alfred Herbay enterra Xavier Collignon, là où il était tombé.<br />

(2) Voici ce que dit dans sa déposition Adeline Zwollen, veuve de Joseph Georges : « Mon beau*«frère,<br />

Emile Pire, qui était aveugle, ne savait se diriger, je l'ai tenu par le bras, et j'ai crié : Pitié <strong>pour</strong> lui, il ne voit<br />

pas clair. Les soldats sont venus nous frapper à coups de crosse de fusil, alors je suis tombée d'un côté et lui<br />

de l'autre. Quand je me suis relevée, j'ai vu que les soldats l'avaient entre les mains et l'emmenaient- !)<br />

(3) Le père fut tué et enterré dans le jardin des Sœurs,

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