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documents pour servir a l'histoire

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267<br />

Dans le courant de l'après-'midi, j'expose à un officier qui paraissait plus<br />

compatissant, notre état lamentable et les avanies dont nous étions l'objet de la part<br />

de la soldatesque. Indigné de la façon dont nous avions été traités, impérieusement<br />

il ordonne aux soldats qui nous entourent de s'écarter et nous confie à une sentinelle<br />

avec défense de laisser approcher qui que ce soit. Sur ma demande, ce même officier<br />

complaisant nous délie les mains et n'en retient qu'une seule attachée, puis il nous<br />

fait apporter un verre d'eau <strong>pour</strong> étancher la soif qui nous dévore.<br />

A 18 heures, le signal du départ est donné et le cortège se remet en marche<br />

dans le même ordre que le matin. Nous avions à peine quitté le village, que les<br />

soldats allemands, chargés de nous conduire, trouvant leurs sacs trop lourds, s'en<br />

déchargent sur nous.<br />

De Lisogne à Leignon, la marche fut particulièrement pénible, car nos gardiens,<br />

livrés à eux-mêmes, sans la surveillance d'aucun officier supérieur, recommencèrent<br />

les mauvais traitements du matin. A la sortie de Sorinne, les soldats distribuèrent<br />

un peu de pain à tous nos compagnons de captivité, mais ce léger soulagement fut<br />

refusé à mon confrère et à moi.<br />

A Leignon, on nous détache des prisonniers militaires <strong>pour</strong> nous conduire à<br />

l'église paroissiale que nous trouvons déjà encombrée par les habitants de Sorinne.<br />

Nous y voyons le curé enfermé dans le confessionnal et le baron Guy de Villenfagne<br />

gardé à l'écart près des fonts baptismaux.<br />

La nuit se passe sans autre incident qu'une alerte provoquée par des coups<br />

de feu tirés aux environs de l'église, ce qui nous vaut quelques coups de crosse de<br />

la part de nos gardiens.<br />

Le mercredi matin, ayant appris notre présence à l'église, M. Eggermont, le<br />

châtelain de Leignon, vient nous rendre visite et intercède, mais en vain, en<br />

notre faveur.<br />

A midi, <strong>pour</strong> nous mettre encore plus à l'écart des autres prisonniers, on nous<br />

pousse dans un coin où se trouvait déjà le baron de Villenfagne. Nous n'y étions que<br />

de quelque temps à peine, lorsque se présentent quatre ou cinq officiers, le regard<br />

enflammé de colère et la bouche pleine d'injures. Ils s'élancent sur nous, et, tenant<br />

d'une main leur revolver, nous frappent de l'autre au moyen de leur cravache. Nous<br />

sommes renversés; mon confrère a ses lunettes brisées; je reçois un violent coup de<br />

botte dans les reins; le sang coule. Al. de Villenfagne, voulant prendre notre<br />

défense, reçoit un coup de cravache en pleine figure. Leur exploit accompli, nos<br />

bourreaux disparaissent au plus vite.<br />

Nos gardiens nous reconduisent au milieu de l'église, toujours avec défense de<br />

communiquer avec les autres prisonniers. Mais voilà que se présentent de nouveau<br />

quelques sous^officiers qui commencent par nous injurier, puis font pleuvoir sur<br />

nous des coups de cravache. II ne nous est même pas permis de parer les coups et<br />

la sentinelle qui nous garde nous oblige à tenir les bras pendants. Cette fois, le frère<br />

Patrice et moi, nous croyons bien que notre dernière heure est arrivée et nous<br />

recommandons notre âme à Dieu. Tous les prisonniers détenus dans l'église furent<br />

témoins de cette scène, mais ils ne purent nous témoigner leur compassion autrement<br />

que par leurs larmes et leurs prières.<br />

Las de nous avoir si violemment frappés, nos bourreaux s'en vont et nos

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