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documents pour servir a l'histoire

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du cataclysme qui a fondu sur la paroisse de Leffe, car, jusqu'à présent, nous<br />

n'avions encore aucune notion de ce qui se passait dans les autres quartiers de<br />

la ville.<br />

— C'est Lucie Monin, accompagnée de son petit garçon, qui tombe évanouie<br />

dans nos bras, au moment où les soldats referment la porte sur elle. Elle vient de<br />

voir son mari, Emile Haustenne, abattu d'un coup de revolver et elle a entendu de<br />

la bouche d'un officier ces cyniques paroles : « Nous ne tuons pas les femmes, elles<br />

doivent vivre <strong>pour</strong> pleurer et souffrir ». Son oncle, Jean-Baptiste Monin, qui<br />

l'accompagnait, a lui-même été tué.<br />

— C'est Angèle Ravet, qui, faite prisonnière dans l'après-midi avec une<br />

dizaine de personnes, a vu le cadavre de Victor Poncelet sur le seuil de sa maison,<br />

ceux d'Alphonse Henrion et de Jacques Fallay devant leur porte, ceux encore de<br />

Joseph Piette et d'Hector Ansotte en face du café de la Cliche de bois et qui a vu<br />

les Allemands tirer sur Léopoldine Rasseneux (t), et sur Ernest Duchêne.<br />

— C'est encore M mc Naus, dont le mari venait d'être tué chez lui, et dont le<br />

cadavre tout sanglant était tombé à ses pieds. Au moment de pénétrer dans<br />

l'Abbaye, elle avait vu tomber sous les balles des assassins le vieux Laloux et<br />

Joseph Junius.<br />

A peu près au même moment — il est impossible de préciser les heures —<br />

arrivèrent des prisonnières de la rue des Fonds de Leffe. Nous apprîmes ainsi que<br />

ce quartier n'avait guère été plus épargné et que, là aussi, la barbarie allemande<br />

avait accumulé les crimes et fait des veuves et des orphelins.<br />

Nous avons ainsi accueilli la femme d'Ernest Fondaire, qui ne connaissait pas<br />

encore toute l'étendue de son malheur. Elle devait bientôt apprendre que son mari<br />

avait été fusillé à la papeterie Ravet avec ses deux fils et que sa fille avait été tuée<br />

chez elle.<br />

Un peu plus tard, c'est la veuve de François Ravet, dont le mari a été massacré<br />

le matin, et qui s'amène avec toutes les personnes réfugiées chez Chabotier et que<br />

les soldats ont conduites jusqu'ici prisonnières. Tout le long du trajet elles ont<br />

aperçu des cadavres et devant l'Abbaye elles ont pu contempler l'hécatombe!<br />

Adeline Zwollen, qui venait d'être séparée de son mari Joseph Georges, nous<br />

raconte que de chez elle jusqu'à l'Abbaye — elle habite au n° 107 des Fonds de Leffe<br />

— toute la route est jonchée de cadavres. Elle a vu tuer son neveu Camille Jacquet,<br />

elle a vu tomber Arthur Darville sur l'escalier de chez Chabotier, et elle-même<br />

n'a échappé que par miracle à la mort, une balle lui ayant traversé la manche. La<br />

malheureuse ne savait pas encore qu'elle était veuve (2.) !<br />

Vers 17 h. 3o, se présente un groupe plus nombreux: à leur tête se trouvent<br />

(t) Léopoldine Rasseneux logeait chez M rae Jooris-Lamand qui habitait presque à côté de l'Abbaye. Les<br />

Allemands tuèrent ches elle M me Jooris et tirèrent sur Léopoldine Rasseneux. Ensuite, ils amenèrent le corps<br />

de celle-ci chez les Prémontrés en demandant au Père Prieur de soigner la jeune fille, mais celle-ci avait déjà<br />

cessé de vivre. Son cadavre resta là sans sépulture jusqu'au mardi. C'est probablement à ce drame que fait<br />

allusion dans son rapport (Livre Blanc, ann. 29) le lieutenant-commandant de compagnie Lucius. Dans ce<br />

cas, ce serait le sergent Schuster, de la 8 e compagnie, du R. I. n° 178, qui serait responsable de la mort de ces<br />

deux femmes. (Voir plus haut, p. 70.)<br />

(2) Le corps de son mari, Joseph Georges, fut retrouvé dans le jardin des Sceurs, ainsi que celui 4e son<br />

beau-père Henri Georges.<br />

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