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documents pour servir a l'histoire

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2.11<br />

l'église, le retire du groupe et prend généreusement sa place en lui disant :<br />

« Demeures avec vos enfants ». Cette digne mère tombe elle aussi frappée à mort<br />

au mur Bourdon.<br />

Le groupe des prisonniers demeuré sur la rive gauche se grossit sans cesse de<br />

nouveaux civils arrachés à leurs demeures ou de soldats français que les Allemands<br />

viennent de capturer. Quelque temps après, un officier donne l'ordre aux hommes<br />

de se mettre à part. Ceux-ci sont embarqués avec les soldats français prisonniers et<br />

conduits aux Rivages.<br />

A la lueur des incendies allumés sur les deux rives, les Allemands travaillent<br />

pendant toute la nuit à la construction de leur pont de bateaux.<br />

Nous passons les journées de lundi et de mardi au même endroit, sans nourriture<br />

sauf quelques fruits cueillis par les soldats dans les jardins et de temps en<br />

temps une gorgée d'eau.<br />

Ce mercredi, mon état empirant, je suis transportée sur une civière chez<br />

M.. Lambert, puis le samedi à l'hôpital civil de Dinant. Je priai alors M Ue Léonie<br />

Wiart de se rendre dans la demeure des Morelle <strong>pour</strong> me donner des nouvelles de<br />

ma fille Henriette. M IlP Wiart la trouva morte dans la petite cuisine, à l'arrière de<br />

la maison. Dieu seul a été témoin de l'agonie de cette pauvre enfant, abandonnée<br />

toute seule à son malheureux sort.<br />

On vient de lire la description de ce que fut, <strong>pour</strong> ces malheureux<br />

prisonniers, leur captivité au bord de l'eau. Il ne sera pas sans intérêt de<br />

mettre en parallèle l'impression que produisit la vue de ces otages sur<br />

le général von Hausen lui-même, commandant la IIP armée saxonne,<br />

qui passa devant eux le lundi après-midi.<br />

« Sur les bords de la rive gauche se trouvaient rassemblés plusieurs centaines<br />

d'habitants de Dinant et des Rivages, gardés par les grenadiers et étroitement serrés<br />

les uns contre les autres, debout, accroupis, ou couchés sur les talus. Des vieillards,<br />

des femmes âgées, des filles de tout âge, des adolescents, de grands et de petits<br />

enfants, étaient là réunis, obéissant à la force {der Gewall folgend). Dans leur attitude,<br />

et sur leurs visages se reflétaient une peur et une angoisse indicibles, une rage<br />

concentrée, une envie de vengeance et de représailles, toute la misère qui venait de<br />

s'abattre sur la population. L'hostilité qui ne reculait devant rien s'incarnait en eux.<br />

(Die vor nichts zurûckschreckende Feindseligkeit verkôrperte sich in ihnen.)Beaucoup<br />

fondaient en larmes, déploraient la perte de leurs proches, de leurs biens et voyaient,<br />

sous l'explosion de leur douleur, l'avenir sans consolation ; ils succombaient à une<br />

faiblesse de nerfs, criaient et tempêtaient... Quelle somme de détresse et de misère<br />

s'est trouvée ici rassemblée, ne se laisse pas exprimer en paroles. La faute d'avoir<br />

causé une telle douleur, une telle souffrance, retombe sur ceux qui ont excité le<br />

peuple belge, et mis dans ses mains des armes <strong>pour</strong> attaquer les Allemands<br />

insidieusement (t). »<br />

(t) O. c, p. i37-

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