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documents pour servir a l'histoire

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N° 486. Rapport de M. Emile Dony, commiS''chef au bureau des postes de Binant.<br />

Un des premiers obus tombés le 23 août sur Neffe, atteint ma maison (fig. 214,<br />

n° 9) au mur nord, un autre enfonce le toit du voisin Félix Toussaint. Conscients du<br />

danger, nous descendons tous dans la cave. Avec nous se trouvait M me de Terwagne,<br />

de Louvain, gravement malade, et qui devait subir une opération. Nous la transportons<br />

sur un matelas.<br />

D'une fenêtre de cette cave, nous pouvons nous rendre compte de tout ce qui se<br />

passe sur l'autre rive, sans grand danger d'être aperçus. C'est ainsi que nous<br />

voyons les soldats descendre par grappes du lieu dit « Bonair » et les civils exposés<br />

au feu des Français au delà de la carrosserie Defoy, <strong>pour</strong> protéger les troupes allemandes.<br />

Bientôt, les flammes des incendies ne nous font rien augurer de bon, et<br />

chacun sent les appréhensions envahir son cœur, sans oser les communiquer à son<br />

voisin.<br />

Il est 16 heures environ, quand les obus recommencent à tomber sur ma maison,<br />

et, cette fois, presqu'à bout portant <strong>pour</strong> ainsi dire. On entend tout s'écrouler et<br />

cependant, à ce moment, il n'est plus question de fuir; aussi tout le monde s'est-il<br />

blotti dans le coin le plus reculé de la cave à charbon. Puis le calme se rétablit, et<br />

au milieu de ce silence, impressionnant après un tel vacarme, nous entendons dans<br />

la direction du passage à niveau quelques coups de feu et des cris, des hurlements !<br />

C'étaient les échos du drame du « Charrau » qui arrivaient jusqu'à nous.<br />

Bientôt notre angoisse monte à son comble. Nous entendons les fenêtres de la<br />

partie arrière de la maison restée encore debout voler en éclats et la porte enfoncée<br />

à coups de crosse, puis les bottes résonner au-dessus de nous ! Etre découverts,<br />

c'était la mort. Aucun de nous heureusement ne bouge, aucun enfant ne pousse un<br />

cri, le chien lui-même, un grand groenendael, n'aboie pas. Malgré les instances de<br />

quelques-uns qui me conseillent d'aller au devant des soldats, j'ai la bonne inspiration<br />

de ne pas sortir. Puis on entend les Allemands passer devant la fenêtre et<br />

s'éloigner... Momentanément, le danger est écarté.<br />

Quelque temps après, ma femme étant sortie, revient nous dire que tout Dînant<br />

est en feu et qu'on tue tout le monde ! Affolés, nous décidons de fuir. Je sors le<br />

dernier avec M me de Terwagne, que j'ai toute la peine du monde à hisser, cette<br />

malheureuse personne ne quittant plus le lit depuis longtemps. Elle veut que je<br />

l'abandonne à son triste sort, mais je me fais un point d'honneur de risquer tout au<br />

monde <strong>pour</strong> la sauver. A deux, nous prenons la malade, et nous la portons dans nos<br />

bras. La nuit tombait, nous gagnons le ravin. Soudain, nous apercevons deux soldats;<br />

pris de peur, nous nous cachons, je lie mon chien à un arbre et je m'efforce de<br />

l'empêcher d'aboyer. Nous n'étions pas de cinq minutes dans notre cachette que<br />

d'autres soldats viennent à passer tout près. Décidément, nous n'étions pas en sécurité,<br />

car nous avions l'intime conviction, qu'être vus, c'était être tués. Prudemment<br />

nous avançons de cinquante en cinquante mètres, et nous arrivons finalement à la<br />

lisière du bois, le long des peupliers de Rondchêne. Nous nous y enfonçons, à<br />

travers des fourrés quasi impénétrables. Les ronces et les épines déchirent nos<br />

vêtements et mettent nos mains en sang. A tout moment, nous passons à côté d'autres<br />

civils qui se cachent comme nous, et évitent le moindre bruit. Finalement, nous

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