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documents pour servir a l'histoire

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t78<br />

de ce dernier. On me fit asseoir le dos au mur et les pieds enchaînés à une batteuse<br />

mécanique. Je restai dans cette position jusqu'au vendredi matin, sans nourriture;<br />

alors seulement un soldat nous apporta un morceau de lard rance, immangeable.<br />

J'étais à bout ; mes souffrances- s'ajoutant à la faim qui me torturait, je me<br />

mis à crier de douleur. Des soldats accoururent, m'imposèrent silence et me<br />

frappèrent. Quelque temps après, je reçus un verre de lait.<br />

Le soir, je fus débarrassé de mes entraves, et on me conduisit dans une salle<br />

où des officiers buvaient et fumaient. Ils se constituèrent en conseil de guerre et<br />

me promirent l'indulgence si j'avouais « ma participation aux actes des francs-*<br />

tireurs » et si je dénonçais mes « complices ». Sur ma dénégation catégorique,<br />

après un bref colloque avec ses voisins, un officier m'annonça : « Demain, à<br />

6 heures, vous serez fusillé ». Quand je rentrai dans la grange, je fus ligoté plus<br />

cruellement encore que les autres jours. Mes compagnons passèrent à l'interrogatoire,<br />

et la sentence de mort fut également rendue contre eux.<br />

Le lendemain, à 6 heures, en effet, un sous-officier enleva nos liens et nous<br />

mit une couverture sur le bras. Un autre nous conduisit au milieu de plusieurs<br />

centaines de soldats et l'on se mit en marche. Mes blessures et les privations<br />

m'avaient affaibli au point que je pouvais à peine marcher; M. Marot eut la bonté<br />

de me soutenir. Au pont de bateaux, voisin du Rocher Bayard, un officier nous<br />

annonça que nous étions libres! Mes épreuves avaient duré sept jours!<br />

* *<br />

En passant (p. 160), nous avons déjà signalé l'heureux événement<br />

qui conserva la vie à M. Albin Laurent. Il nous reste à raconter maintenant<br />

comment il se trouvait le 2.3 août au soir au mur Tschoffen, et dans<br />

quelles circonstances sa femme vint à passer quelques instants avant<br />

l'effroyable exécution qui faucha tant d'innocentes victimes. C'est<br />

M me Albin Laurent, née Madeleine Le Boulengé, qui va nous raconter<br />

cette histoire.<br />

N° 471. Dès le début de la bataille du dimanche 2.Z août 1914, n'étant accouchée que<br />

de trois jours à peine, je fus portée sur un lit à la cave. Pendant toute la matinée<br />

nous ne cessâmes de prier.<br />

Vers 15 heures, nous rendant compte que les Allemands enfonçaient les portes<br />

et pénétraient dans les maisons, mon mari crut bien faire d'aller ouvrir. M'imaginant<br />

que la vue de petits enfants calmerait les soldats, je fis prendre à mon mari<br />

l'aîné, Emile, âgé de 2. ans, tandis que la bonne portait dans ses bras la petite<br />

Suzanne, ayant à peine 1 an. La garde-couche suivait. Je restais donc seule dans<br />

la cave avec le nouveau-né.<br />

J'entendis d'abord des coups de crosse violents ébranler la porte de la maison<br />

et puis des cris féroces emplir toute l'habitation. Je vis bientôt la cave envahie par<br />

des soldats revolver au poing, et dardant partout leurs lampes de poche. Je fis<br />

appel au peu d'allemand que je savais, et, en pleurant, je suppliai ces soldats de<br />

me rendre les miens.

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