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documents pour servir a l'histoire

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cadavre sur le chemin, c'était celui de mon oncle Louis Bulens (1). Près de la papeterie<br />

Ravet nous avons vu au moins une douzaine de corps couchés les uns sur les<br />

autres. Je reconnus celui de mon oncle Victor Jacquet, que sa femme, Julia Bulens,<br />

vit tomber.<br />

, Après avoir traversé le petit pont qui conduit dans la cour, les soldats poussèrent<br />

brutalement les femmes dans le fond et se saisirent des hommes. J'ai embrassé<br />

une dernière fois mon père, Henri Bulens, et mon mari, Edouard Zwollen, que ma<br />

petite fille ne voulait pas lâcher. Son père lui dit alors : « Va bien avec maman et<br />

sois gentille, tu diras tes prières <strong>pour</strong> moi. » Mon mari tenait mon père par le bras,<br />

un soldat les a séparés d'un coup de crosse. Je n'avais pas fait cinq mètres, que j'entendis<br />

commander le feu. Je me suis retournée, et je les ai vu s'affaisser tous deux...<br />

Le frère de mon oncle Victor, Henri Jacquet, fut aussi parmi les victimes qui<br />

tombèrent à la papeterie Ravet.<br />

Adeline Zwollen m'a raconté plus tard avoir vu les soldats tirer sur Camille<br />

Jacquet, le fils de mon oncle Victor, tandis qu'il s'enfuyait par les jardins. Il fut<br />

blessé et tomba entre les mains des Allemands qui le fusillèrent.<br />

Enfin Alfred Bulens, mon frère, fut retrouvé parmi les cadavres de ceux qui<br />

furent tués en face de l'abbaye des Prémontrés.<br />

Le capitaine John, du 178 e , prétend que des hauteurs au sud de<br />

Leffe on pouvait voir dans les jardins et les cours des civils apparaître<br />

soudain et tirer sur des soldats allemands (2). Ce capitaine a mal vu<br />

ou plutôt intervertit volontairement les rôles, car le récit suivant,<br />

de Léopoldine Collignon, veuve d'Arthur Verenne, nous montrera comment<br />

d'inoffensifs vieillards sont abattus dans leur jardin par des balles<br />

allemandes.<br />

N° 409. "Rapport de Léopoldine Collignon, veuve Verenne.<br />

Nous avions passé la nuit du samedi au dimanche dans la cave de notre maison,<br />

située au milieu de la rue des Fonds-de-Leffe (n° 87). Nous nous trouvions là à<br />

plusieurs : papa, maman, mon mari Arthur Verenne (fig. 3o), mon frère Arthur<br />

(fig. 22), âgé de t6 ans (3) et Louis Chabotier du même âge-<br />

Vers dix heures, entendant les Allemands enfoncer les portes, nous avons voulu<br />

nous sauver par les jardins, mais, en voyant des soldats partout, nous sommes rentrés<br />

dans le poulailler. C'est alors que mon père, Xavier Collignon (fig. 20), a reçu une<br />

balle au front. Il est cependant parvenu à se glisser avec nous dans un trou sombre,<br />

et là ma mère a lié autour de son front son tablier <strong>pour</strong> arrêter le sang qui coulait<br />

(1) Charlotte Génot, veuve d'Arthur Hottelet, dit avoir vu à cet endroit le cadavre de Louis Buïens<br />

et ceux d'Hubert Cartigny et d'Ulysse Alaay. La veuve d'Hubert Cartïgny croit aussi que c'est là, près de sa<br />

maison, qu'ils ont été tués, car elle y a vu des traces de sang et y a retrouvé une pantoufle de son mari. Ils ont<br />

cependant tous trois été enterrés chez Ravet.<br />

(1) Annexe 27.<br />

(3) Son frère Camille (fig. 21) était ches ses beaux*-parents, les Chabotier, et fut tué chez Ravet.<br />

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