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documents pour servir a l'histoire

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Nous arrivons à la prison. Par trois ou par quatre, on nous enferme dans des<br />

cellules et, brutalement et volontairement, on sépare ceux d'une même famille.<br />

« Nicht der Sohn mit dem Vater ! » (i).<br />

Je tiens à signaler que nous n'avons été identifiés qu'à Cassel et seulement le<br />

dimanche 3o août après-midi, huit jours après notre départ de Dinant et deux jours<br />

après notre arrivée à la prison. Jamais aucune justice n'a procédé avec pareille<br />

désinvolture !<br />

Je ne m'attarderai pas à dire les souffrances morales que notre captivité nous<br />

réservait, souffrances résultant des inquiétudes éprouvées au sujet des nôtres et du<br />

pays, provenant aussi de l'incertitude quant à la durée de notre détention, de<br />

l'isolement et de l'oisiveté (2).<br />

A peine arrivé, Fernand Croibien, blessé au bras à la fusillade du Rocher<br />

Bayard, passa la visite du médecin de la prison. On apprit peu après que l'amputation<br />

du bras avait été jugée nécessaire et que le malheureux avait succombé deux<br />

ou trois jours après l'opération : ni vivant ni mort, il ne put recevoir un dernier<br />

adieu de son père et de ses frères, également internés.<br />

Le 12. septembre, on nous réunit tous et le directeur de la prison nous déclara<br />

que nous n'étions pas condamnés, que nous ne passerions même pas en jugement,<br />

mais que nous étions détenus fur Schuiz, c'est-à-dire par mesure de sécurité<br />

publique et que nous <strong>pour</strong>rions écrire chez nous. Après une nouvelle attente de<br />

huit jours, on nous remit une carte postale; quinze jours après quelques-uns reçurent<br />

une feuille de papier à lettre et une enveloppe. La plupart de ces lettres n'arrivèrent<br />

pas à destination et celles qui parvinrent aux nôtres leur furent remises<br />

après deux mois, c'est-à-dire peu de temps avant notre libération (3). Les miennes<br />

n'arrivèrent à Dinant qu'en décembre. Je les reçus moi-même.<br />

Comment décrire notre vie de captivité si déprimante à tous les points de vue?(4)<br />

Qu'il me suffise de signaler que notre régime était en tous points plus dur que<br />

celui des condamnés de droit commun. Nous étions à quatre dans une cellule<br />

aménagée <strong>pour</strong> un homme, mesurant 9 m 2 et ayant une contenance de 25 m 3 . Pas<br />

de siège, pas de matelas; une ou deux bottes de paille renouvelées après deux mois<br />

et trois couvertures <strong>pour</strong> quatre !<br />

L'alimentation était nettement insuffisante. En trois occasions (du 28 août au<br />

16 novembre) nous eûmes des pommes de terre, jamais de viande. Nous recevions<br />

tous les jours 450 grammes de pain noir et sur et la soupe aux rutabagas ou aux<br />

(1) TRADUCTION : « Pas le (ils avec le père ».<br />

Plus tard, cependant, les jeunes gens obtinrent l'autorisation de rejoindre leur père.<br />

(z) La note de M. Jean Dabin dans sa brochure : La Vérité sur les Massacres de Dinant (p- 35) trouve<br />

ici sa place : « Je me hâte de dire que ces critiques ne visent pas le personnel de la prison dont beaucoup de<br />

membres, apitoyés sur le sort des malheureux Oinantais, s'efforçaient vraiment d'adoucir leurs souffrances.<br />

C'est l'organisation qui se trouvait en défaut, surtout le premier mois. Quoiqu'ils en pensent, les Allemands<br />

manquent parfois d'organisation... » (Cette note fut dictée à M. Dabin par M, le juge Herbecq.)<br />

(3) M. Even (de Neffe) dit dans son rapport que sa première lettre est arrivée chez lui le 20 novembre,<br />

le devançant de deux jours seulement.<br />

(4) On trouvera de plus amples détails dans le rapport que M. Tschoffen fit à la Commission belge<br />

d'enquête. (Voir deuxième volume des Rapports sur la violation du Droit des gens en Belgique, Berger-Levrault,<br />

Paris^Nancy 1915, pp 98 à io5.)<br />

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