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documents pour servir a l'histoire

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(fig. 158); ils furent amenés sous escorte, les mains liées, et furent<br />

retenus sur la rue. Pourquoi ce traitement particulier?<br />

Nous avons dit (i) de Manteau et de Vaugin, deux vieillards, le<br />

premier gravement malade, ce que l'on sait d'eux.<br />

Eugène Février fut pris chez lui avec sa femme, ses trois petits<br />

enfants et d'autres personnes de sa famille. « Sur la Place Saint-Nicolas<br />

trois soldats se précipitent sur lui comme des lions, lui arrachent des<br />

bras sa petite Louise, et la jettent par terre; il n'est arrivé chez Bouille<br />

que dix minutes après les autres (2). »<br />

Lambert Thirifays était souffrant : il avait, depuis peu, perdu<br />

presque entièrement l'usage de la parole ; il passa la nuit du samedi au<br />

dimanche avec M. Malaise-Massart ; et tandis que celui-ci venait à la<br />

forge Bouille, le pauvre garçon fut promené dans la rue Grande avant<br />

d'être conduit au lieu de son supplice ; il devint la risée des soldats qui<br />

le frappaient et lui crachaient au visage (3).<br />

Les quatre malheureux étaient constamment menacés d'être passés<br />

par les armes.<br />

Encore une fois, <strong>pour</strong>quoi ce régime particulier de terreur?<br />

Lorsque Henriette Jaumot, enfermée dans le café Bouille, dut<br />

en sortir <strong>pour</strong> porter à boire aux soldats allemands, elle vit les quatre<br />

victimes. « J'ai voulu leur donner à boire, dit-elle, mais on me l'a<br />

défendu ; je suis cependant parvenue à m'approcher de Lambert Thirifays<br />

qui tremblait et avait l'écume à la bouche. » Quelque temps après,<br />

il fut donné à la femme d'Eugène Février de revoir une dernière fois<br />

son mari. Elle nous raconte elle-même dans quelles circonstances :<br />

N° 445. Quand mon mari est arrivé chez Bouille, on l'a assis sur une chaise, à l'extérieur,<br />

près de Lambert Thirifays qui était lié, les mains sur le dos, et une botte de<br />

paille derrière lui. J'ai vu qu'on lui crachait à la figure; il était tout égaré et criait<br />

toujours : Papa, papa ! Je m'étais cachée avec mes enfants dans la petite cour,<br />

derrière l'écurie. N'y tenant plus, j'ai demandé à M me Mùller, dans l'après-midi,<br />

de solliciter <strong>pour</strong> moi la permission de me rendre, ne fût-ce que deux minutes,<br />

auprès de mon mari. Un soldat m'a accompagnée tenant son revolver contre ma<br />

tête. M'approchant de mon mari, je lui ai demandé <strong>pour</strong>quoi il se trouvait là.<br />

Il a haussé les épaules sans répondre. Je lui ai donné un morceau de couque et<br />

j'ai constaté alors que ses mains étaient glacées. Je lui ai dit : « Mon Dieu,<br />

(1) Page i33.<br />

(2) Rapport de M me Février.<br />

(3) Quand le docteur Cassart vint, vers i5 heures, chercher son gendre chez Bouille, il vit Lambert<br />

Thirifays maltraité et intercéda en vain <strong>pour</strong> lui.<br />

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