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documents pour servir a l'histoire

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176<br />

Quand le jour vint, Thianche était mort ; Léon Gillet avait sa jambe droite à<br />

demi écrasée à la hauteur du genou.<br />

Craignant qu'on ne mit le feu à la maison, je sortis. Je revis alors en pleine<br />

lumière l'horrible charnier devant le mur : des corps pêle-mêle, les uns sur les<br />

autres, troués, déchirés, livides, raides .. J'y trouvai deux survivants, Georges<br />

Bauduin, blessé au pied, et Louis Lamberty, qui avait une large plaie dans le dos.<br />

A ce moment, je vis arriver le Père Colas, des Oblats, accompagné de M lle Nelly<br />

Laurent. Ils voulurent bien nous aider à nous rendre à l'ambulance des Soeurs de<br />

Charité, et emportaient déjà Bauduin, lorsque des coups de feu furent tirés dans notre<br />

direction. Le Père Oblat et M" e Laurent s'enfuirent, et je restai seul avec Lamberty.<br />

Le découragement, s'ajoutant à nos atroces souffrances, Lamberty et moi, dans<br />

un moment de demi-inconscience, nous souhaitâmes la mort, et nous tentâmes de<br />

nous ouvrir le poignet, au moyen d'éclats de verre qui jonchaient le pavé. Nous<br />

réussîmes seulement à nous écorcher la peau. Alors nous appelâmes la sentinelle<br />

postée à quarante mètres de nous <strong>pour</strong> lui demander de nous achever. Elle<br />

s'approcha, nous mit en joue, mais ne tira pas... Le soldat m'offrit un pansement,<br />

et, assis au milieu de la rue sur une caisse abandonnée, je me laissai bander le pied.<br />

Quand ce fut terminé, l'Allemand alla chercher un de ses compagnons de service<br />

près de la Montagne de la Croix, et, à deux, ils me transportèrent chez Frankinet.<br />

Puis ils s'apprêtèrent à soigner également Lamberty, mais, lorsqu'ils revinrent<br />

auprès de lui, ils le trouvèrent mort.<br />

Chez Frankinet, je retrouvai Léon Gillet toujours incapable de se mouvoir.<br />

Vers 14 ou 15 heures, nous entendîmes encore François Grigniet appeler au secours :<br />

nous ne pouvions malheureusement l'aider, il était grièvement blessé au ventre et<br />

mourut à la prison le surlendemain.<br />

Vers 17 heures, nous avons vu passer le docteur Vermer, muni d'un drapeau<br />

blanc, qui se rendait à la prison. Il promit de venir nous prendre. Une heure<br />

après, M lle Nelly Laurent revint avec Théodule Godet, et, à deux, ils transportèrent<br />

sur une charrette Léon Gillet chez les Sœurs de Charité (1). Godet revint et me<br />

conduisit à la prison où je reçus les premiers soins du docteur Vermer.<br />

Après huit jours, je fus transféré à l'hôpital civil, où l'on m'amputa le pied<br />

gauche. J'y ai séjourné cinq mois !<br />

Nous avons dit plus haut que, arrivés au lieu dit « Rossignol », les<br />

escapes se séparèrent (rapport n° 466). Mais plusieurs n'arrivèrent pas<br />

jusque là, leurs blessures les empêchant de se <strong>servir</strong> de leurs jambes<br />

ou de leurs bras <strong>pour</strong> escalader les murs ou d'autres obstacles. Ce fut le<br />

cas par exemple <strong>pour</strong> Paul Vanheden et <strong>pour</strong> M. Massart. Nous terminons<br />

cette série par leur récit palpitant d'intérêt.<br />

Voici ce que raconte Paul Vanheden :<br />

J'avais reçu au mur Tschoffen quatre blessures au dos et aux reins, un éclat<br />

dans le bras droit, un autre qui m'a frôlé le menton, et j'avais le bras gauche cassé.<br />

(1) Quelques jours après, il fut transporté à l'hôpital, où on lui amputa la jambe droite.

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