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documents pour servir a l'histoire

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Les troupes m'entraînent avec elles dans la descente de la Montagne de la Croix.<br />

Je suis terrifié en voyant sur le chemin des cadavres de personnes connues, noîamment<br />

de Joseph Jacquet et Jules Belot (i), mais quelles ne furent pas ma stupéfaction<br />

et ma crainte en passant au pied de l'hécatombe qui se dressait le long du mur<br />

de la propriété de M. Tschoffen!<br />

De la rue Leopold au Rocher Bayard nous avançons entre deux murailles de<br />

feu. Tout cela n'est rien moins que rassurant, aussi lorsque, après avoir dépassé<br />

l'église Saint-Paul, on me dit que je suis libre, je ne me fais pas répéter la permission<br />

de m'en aller et je regagne les hauteurs à travers les rochers et les buissons.<br />

Ne sachant trop où s'est réfugiée ma femme avec les enfants, je me rends à la<br />

ferme Alardo, qui n'était pas encore brûlée, espérant les y trouver. A l'entrée de la<br />

cour je tombe sur deux cadavres : celui de Joseph Alardo, le fils du fermier, et<br />

celui d'Emile Hautot, le fils du facteur des postes. Je fais le tour de la maison,<br />

j'appelle, mais personne ne répond. Une lampe était encore allumée dans la cave.<br />

Dans une place je trouve, assis dans un fauteuil, sans vie, la figure couverte de<br />

sang, Henri Delvaux, de Dinant, blessé le vendredi déjà (2) et que les Allemands<br />

avaient achevé. J'en avais vu assez et je m'enfuis.<br />

J'ai d'abord voulu aller me cacher dans la campagne, mais, ne m'y sentant pas<br />

en sécurité, je suis revenu vers la ferme et je suis grimpé dans une meule où je me<br />

suis tenu toute la nuit. C'est cette même nuit que les Allemands ont dû fusiller dans<br />

le parc du château mon domestique Alphonse Martin, âgé de 62 ans. Il fut enterré<br />

sur place. Dans l'après-midi du lundi, tiraillé par la faim, je me suis glissé jusque<br />

chez moi, où j'ai constaté qu'une chambre au rez-de-chaussée avait échappé aux<br />

flammes. Je m'y suis installé tant bien que mal, et j'ai tâché de réunir mon bétail.<br />

Le vieux Florent Gaudinne, qui errait dans les environs, est venu passer la nuit<br />

avec moi, après quoi je l'ai perdu de vue. Huit jours après, Achille Wilmart,<br />

Morue et d'autres encore, chargés d'inhumer les cadavres, retrouvèrent des<br />

débris humains dans les décombres de la ferme. C'étaient les restes informes du<br />

malheureux Florent Gaudinne.<br />

Le lendemain mardi, je fus une première fois pris par des Allemands que je<br />

dus conduire jusqu'en ville. De retour à Herbuchenne, j'y rencontrai la femme<br />

Hautot qui cherchait ses deux fils, ne les sachant pas encore morts. Tandis que nous<br />

causions ensemble, des soldats arrivent qui nous font prisonniers et nous conduisent<br />

au château. On nous crache à la figure; nous recevons des coups de poing, et,<br />

finalement, après m'avoir lié les mains derrière le dos, on m'attache à une crèche<br />

dans l'écurie.<br />

(1) Joseph Jacquet, garde-chasse, habitait une maison près du château, mais, à partir du t5 août, était<br />

venu se réfugier chez Jos. Marot. Là aussi se trouvait le 23, Jules Belot qui travaillait à la ferme. Quand le<br />

dimanche matin le feu y fut mis, ces deux hommes se réfugièrent avec l'épouse, les enfants et la sœur de<br />

Jos. Marot dans une grange de la ferme Alardo. C est là qu'ils furent tous pris par les Allemands. Tandis que<br />

les femmes et les enfants sont conduits plus loin, les deux hommes, les mains liées derrière le dos, forcés de<br />

descendre par la Montagne de la Croix, y sont tués.<br />

(a) Le vendredi, voulant voir ce qui se passait sur le plateau, il monte à Herbuchenne, mais les Français<br />

(à Neffe) le prenant <strong>pour</strong> un Allemand — il avait un complet gris — tirent sur lui et le blessent. On le transporta<br />

à la ferme Alardo<br />

2.05

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