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documents pour servir a l'histoire

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et je pensais la retrouver dans la rue. Quel ne fut pas mon étonnement de ne pas l'y<br />

voir! Arrivée chez Mathilde Barré avec mon jeune fils et la petite Banse, je<br />

m'inquiétai sur le sort de ma fille et je demandai à une voisine d'aller à sa recherche.<br />

On me rassura en me disant qu'elle était chez les Soeurs.<br />

Quelque temps après, je fus moi-même conduite à l'Abbaye des Prémontrés,<br />

<strong>pour</strong> y être détenue jusqu'au jeudi. Ce n'est que huit jours plus tard qu'on retrouva<br />

le cadavre de ma fille Pauline dans la cave de notre maison, complètement incendiée.<br />

Son corps avait été carbonisé sur place!... (t).<br />

J'avais donc, en quelques heures de temps, perdu mon mari, ma fille et mes<br />

deux fils aînés !<br />

La veuve d'Alexis Hennuy, Zélie Materne, dont le rapport suit, a<br />

eu son mari, ses deux fils, son père et sa mère, son beau-frère et son<br />

neveu, fusillés par les Allemands le 23 août 1914.<br />

1° 4 1 ' • En venant de l'Abbaye et en remontant vers les Fonds, nous habitons la<br />

deuxième maison à droite, la première étant occupée par les familles Maudoux et<br />

Jacquet. (Voir fig. 210, n° 3.)<br />

La nuit du samedi au dimanche, 23 août, nous l'avons passée dans la cave de<br />

notre voisin, Lissoir (2.). Nous nous y sommes trouvés avec le père Lissoir, son fils<br />

Camille, et toute sa famille; M me Quentin, son fils et son bébé de six semaines;<br />

mon beau-frère, Gustave Hennuy, avec sa femme et ses deux enfants et enfin nous<br />

tous au nombre de sept : mon mari, Alexis Hennuy (fig. 23), mes deux fils Jules et<br />

Georges, mes trois filles et moi.<br />

Presque tous les hommes qui se trouvaient dans cette cave, devaient tomber<br />

sous les balles allemandes!<br />

Vers 4 heures du matin, je remontai <strong>pour</strong> faire du café. Je sortis même <strong>pour</strong><br />

voir s'il n'y avait plus moyen de fuir du côté de l'écluse de Leffe. Une sentinelle<br />

française, qui s'y trouvait encore en faction, me fit rebrousser chemin, en me<br />

déclarant qu'il était impossible de traverser l'eau (3). En rentrant chez moi, je fus<br />

mise plusieurs fois en joue par les soldats qui remplissaient déjà la rue.<br />

Tandis que tous les autres restaient cachés dans la cave du père Lissoir, ma<br />

belle-sceur avec sa fille, M me Quentin et son bébé, et moi, nous restâmes dans<br />

notre maison.<br />

(t) Voici ce que raconte Alfred Herbay : « Un officier allemand (le dimanche 3o août) m'a obligé de<br />

prendre du goudron au gazomètre, et m'a dit qu'à 3 heures le corps de Pauline Fondaire devait être brûlé. Je<br />

suis descendu dans la cave, où j'ai vu le cadavre de ta jeune fille étendu sur deux sacs de pommes de terre, la<br />

tête appuyée sur un bras, les jupons relevés et la physionomie méconnaissable. Je l'ai imbibé de goudron et,<br />

après avoir jeté du bois tout autour, j'y ai mis le feu. J'étais aidé dans cette besogne par Ferdinand Dony et<br />

Alex. Jacqmin. L'officier est en effet venu constater si nous avions exécuté ses ordres ; il n'est cependant pas<br />

descendu dans la cave et s'est contenté de voir la fumée sortir par le soupirail. »<br />

(*) Ils y étaient cinquante-quatre personnes d'après la déposition d'Alfred Herbay.<br />

(3) Nous reproduisons cette affirmation sans la faire nôtre. Il nous paraît assez peu probable que des<br />

soldats français se soient encore trouvés sur la rive droite ce jour et à cette heure.<br />

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