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documents pour servir a l'histoire

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s'est servi du drapeau de la Croix-Rouge <strong>pour</strong> mieux tirer sur nos soldats<br />

(t). Nous allons vous donner une leçon dont vous vous souviendrez<br />

longtemps ». Et, du groupe des hommes, s'élevèrent de nouveaux cris :<br />

« Grâce... Vive l'Allemagne... Pitié... Nous n'avons pas tiré »<br />

N° 454. Cependant, continue M. Drion, les apprêts se continuaient plus rapides que<br />

je ne puis le raconter. Nous étions rangés à trois ou quatre de profondeur, sauf à<br />

un endroit où il y en avait bien six; il y aura là dans quelques instants un monceau<br />

de cadavres de plus d'un mètre de hauteur.<br />

Le peloton d'exécution n'étant pas assez important, l'officier fit venir d'autres<br />

soldats, qu'il disposa sur le côté, juste en face de moi. Je l'entendais crier : « Noch<br />

zwolf, noch sechs ». Encore douze, encore six! — et les soldats se précipitaient<br />

comme s'ils étaient conviés à une fête! Il pouvait y avoir au total environ ta5 soldats.<br />

Soudain, on entendit un coup de sifflet, et aussitôt une décharge retentit, accompagnée<br />

d'un cri d'horreur et d'effroi, poussé par le groupe des femmes et des<br />

enfants, témoins de cette scène horrible.<br />

Tous les hommes rangés le long du mur tombèrent... Il était environ 18 heures.<br />

Un cadavre s'était affalé au-dessus de moi, trois autres se trouvaient sur mes<br />

jambes. Je fis le mort. Je n'avais pas encore une égratignure.<br />

A peine tous étaient-ils par terre, qu'une seconde salve retentit : des coups de<br />

feu venaient de nouveau d'être tirés sur nous. A ce moment, je fus atteint de deux<br />

balles par ricochet : l'une m'avait blessé la région de l'oreille, l'autre s'était<br />

portée à l'arrière de la tête, vers la nuque. Quelques instants après retentit une<br />

troisième et assez longue pétarade, de droite et de gauche, mais sans salve.<br />

Puis j'entendis des pas sur toute l'étendue du groupe : c'étaient des officiers et<br />

des soldats qui faisaient le tour, d'une extrémité à l'autre, achevant les blessés.<br />

Un quart d'heure environ après, il y eut de nouveaux coups de feu ; c'est alors<br />

que je reçus, toujours par ricochet, la troisième blessure, un peu au-dessus de la<br />

seconde. Elle fut très douloureuse; je me sentis comme la nuque piquée avec un<br />

couteau de bois.<br />

L'achèvement des blessés, dont parle ici M. Drion, est confirmé<br />

par toutes les dépositions des escapes de la fusillade (2). Georges Moisse<br />

entendit même un blessé demander en grâce qu'on l'achève. La cruauté<br />

des bourreaux poussa le raffinement jusqu'à ne pas accorder à cet infortuné<br />

ce que, si libéralement, ils prodiguaient aux autres ! Ce témoignage<br />

est confirmé par ceux de Louis Godart et de Narcisse Neuret.<br />

(1) C'est là un des grands arguments que mettent en évidence les rapports publiés dans te Livre "Blanc.<br />

« Un grand nombre d'édifices étaient <strong>pour</strong>vus du drapeau de la Croix-Rouge; c'est de ces édifices-là qu'on<br />

tirait sur nos troupes d'une façon particulièrement violente. » (Annexe 6.) Le rapport 9 dit presque textuellement<br />

la même chose. Cet argument ne tient pas debout.<br />

(î) François Gillain, par exemple, déclare avoir été atteint cinq fois, pendant qu'on achevait les blessés.<br />

Georges Moisse, lut aussi, reçut alors sa seconde blessure.

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