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documents pour servir a l'histoire

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235<br />

la grotte où se tiennent cachés les nôtres, nous faisons un grand détour avant de<br />

nous y rendre, et, après des circuits sans fin, nous finissons par les y retrouver, mais<br />

combien anxieux. Notre présence dans le bois ayant été vraisemblablement signalée<br />

par le soldat en question, nous sommes tous d'avis que notre abri n'est plus sûr et<br />

nous nous remettons en route dans la direction du bois de Meez. Nous approchons<br />

de la petite ferme Piette (fig. 214, n° 33), lorsque, soudain, au milieu des gerbes<br />

de paille, surgissent des ombres et une voix gutturale nous ordonne de nous arrêter<br />

et de lever les bras : nous étions prisonniers. Immédiatement, nous sommes entourés<br />

de soldats qui dirigent vers nous le canon de leurs fusils.<br />

Ma femme, qui parle l'allemand, s'explique avec eux et leur dit que nous<br />

fuyons notre maison incendiée. On se contente de nous fouiller. Sur ces entrefaites<br />

s'amène un major, et, tandis qu'il s'informe de ce qui se passe, arrive par le<br />

chemin de la ferme de Wespin un groupe assez important de fugitifs. Nous<br />

reconnaissons parmi eux le Principal du Collège de Bellevue M., le chanoine<br />

Nicolas, et l'abbé Hames (1), les Soeurs Dominicaines avec leur aumônier M. l'abbé<br />

Servais et d'autres personnes de Neffe.<br />

Un major assez correct nous fait tous avancer jusqu'à la ferme Piette et là<br />

installe les femmes dans la grange, tandis que les hommes sont gardés dans une<br />

chambre délabrée du rez-de-chaussée, car cette ferme avait déjà beaucoup souffert<br />

lors du bombardement du 15 août. Le major remet à l'aumônier des Dominicaines<br />

un écrit déclarant que nous sommes des gens inoffensifs et que l'on ne doit pas<br />

nous molester. Peu de temps après, arrivent l'abbé Poty et l'avocat Poncelet qui,<br />

sortis du Collège de Bellevue peu après le premier groupe, avaient pris la direction<br />

de Weillen <strong>pour</strong> échapper à l'incendie et à la fusillade et avaient été. eux aussi,<br />

faits prisonniers en cours de route. A part l'une ou l'autre alerte, la nuit se passe<br />

sans incident notable.<br />

Le lundi matin, M. l'abbé Hames, professeur d'allemand au collège, se rend<br />

en parlementaire auprès d'un état-major installé dans un champ non loin de la<br />

ferme <strong>pour</strong> obtenir quelque adoucissement à notre sort, notamment des vivres. Il<br />

est autorisé à aller quérir avec Chariot une vache que celui-ci a laissée dans<br />

son étable.<br />

Vers 11 heures, on nous fait savoir que nous pouvons quitter la ferme et que<br />

nous avons à nous rendre à Leffe, chez les Pères Prémontrés, où nous serons en<br />

sécurité. Ne soupçonnant nullement ce qu'il y avait de perfide dans cet avis<br />

donné, paraît-il, dans notre intérêt, notre groupe, qui se composait de soixante-dix<br />

personnes environ, se met en route escorté par un soldat jusqu'au château des<br />

Roches. Là, nous sommes abandonnés à nous-mêmes, et nous descendons vers<br />

(1) Le Principal du Collège avec les abbés Hames, Poty et Gaspard et une dizaine de religieuses était resté<br />

à l'abri dans l'arrière-cuisine du Collège de Bellevue ju&que vers 17 heures. A ce moment un premier obus,<br />

puis un second viennent éclater près d'eux, renversant tout un pan de mur. Ils ont bien vite fait de descendre dans<br />

les caves, mais, à peine s'y trouvent-ils, qu'un gros obus éclate à l'entrée du soupirail et, par l'ouverture<br />

béante, on aperçoit de grandes flammes sortir des chambres du bâtiment central. Il n'y a pas à hésiter : il faut<br />

fuir. Et, tandis que presque tous s'engagent dans le bois du Collège, MM. Poty et Gaspard et quelques religieuses<br />

prennent un autre chemin. M. Poty rejoindra un peu plus tard les premiers; quant à l'abbé Gaspard, il<br />

devait être fusillé le 25 août à Surice.

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