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documents pour servir a l'histoire

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nation ; on se hâte surtout en traversant la Place d'Armes, et l'on se précipite dans<br />

la cour de la prison (côté est).<br />

Un sergent fouille les arrivants. Il prend les canifs, les couteaux, les ciseaux :<br />

il y en a bientôt un tas contre le mur. Au fur et à mesure que la visite est achevée,<br />

ceux qui l'ont subie se massent le long du bâtiment central. Le groupe est déjà nombreux,<br />

et mon tour va venir (t), quand éclate une fusillade précipitée; une grêle de<br />

balles s'abat sur ceux des nôtres qui sont au fond de la cour et sur les Allemands<br />

qui sont avec eux. C'est une fuite éperdue; peu de personnes songent à venir se<br />

mettre à l'abri du côté de l'entrée; la plupart s'engouffrent dans l'étroit couloir qui<br />

donne accès au bâtiment central- Des Allemands s'enfuient par là aussi; l'un d'eux<br />

grimpe au grenier et, ouvrant une tabatière, agite en guise de drapeau blanc un<br />

drap de lit, qu'il laisse ensuite sur le toit. La fusillade a cessé (2).<br />

Mais il y a des victimes : sur le seuil du couloir, gît un cadavre, celui d'un<br />

jeune homme, Joseph Lebrun ; au milieu de la cour, un corps s'agite, mais faibles<br />

ment et pas longtemps, celui de la vieille M. me Stevaux. On se demande comment il<br />

n'y a pas plus de victimes, car ce n'est pas en un clin d'ceil que la partie exposée<br />

aux balles a été déserte. Et ce n'est pas tout, en effet : bientôt apparaît dans le<br />

couloir le docteur Drion ; il traverse la cour et se rend auprès des blessés. —<br />

Dans la suite, nous eûmes les détails : M me Victor Thonon, blessée mortellement,<br />

succomba le lendemain; M mes Victor Déloge et Louis Hachez, M. Coulonvaux,<br />

M. Taquet et ses deux filles, M lle Thirifays, furent aussi blessés plus ou moins<br />

grièvement.<br />

L'alerte passée, la visite s'achève et l'après-midi continue au milieu du fracas<br />

de la bataille. A un moment donné, nous percevons des coups de canon plus<br />

violents : les Allemands ont amené l'artillerie lourde sur la crête de la montagne ;<br />

ils avancent... les Français reculent... Hélas!<br />

Vers 17 heures, un nouveau groupe de concitoyens fait son entrée dans la<br />

cour : ce sont les familles du « Couret » et celles qui viennent d'être trouvées dans<br />

la cave de Jules Lebrun, rue de la Grêle.<br />

Les quelques Allemands qui nous gardent paraissent indifférents <strong>pour</strong> la<br />

plupart; ils ont déposé leurs sacs et leurs armes contre le mur, ils sont assis à<br />

terre; quelques-uns tirent de leur pochette crayon et cartes et se mettent à écrire.<br />

Si l'un ou l'autre s'avise de lier conversation avec un civil, le sergent vient lui<br />

signifier que cela est interdit. Un seul est en sentinelle près de la porte d'entrée,<br />

jetant de temps à autre un regard sur la Place d'Armes par la brèche qui a été faite<br />

le matin.<br />

Nous approchons du moment critique. Des officiers, deux ou trois (3), font<br />

leur apparition, surexcités, affairés. Les soldats reprennent armes et bagages, et<br />

tandis qu'ils nous séparent de nos femmes et de nos enfants <strong>pour</strong> nous ranger au<br />

milieu de la cour, nous voyons sortir du bâtiment central des hommes, non seulement<br />

ceux qui sont venus de chez Bouille avec nous et ont été chassés à l'intérieur<br />

(1) Pi. Tschoffen avait déjà été fouillé deux fois.<br />

(z) La fusillade n'a pu venir que de la Montagne. Estr*il besoin de dire que ce sont des soldats allemands<br />

qui se sont livrés à cet exercice ?<br />

(3) Les officiers ont fait plusieurs entrées et sorties.<br />

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