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documents pour servir a l'histoire

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niers sont ligotés ensemble et partent dans la direction des Fonds de Leffe avec une<br />

cinquantaine de soldats français prisonniers. Ce que furent <strong>pour</strong> nos deux confrères<br />

les journées qui suivirent, nous l'apprîmes plus tard lorsque, à la sortie de Leignon,<br />

nous eûmes le bonheur de les retrouver, en vie, mais après avoir miraculeusement<br />

échappé à la mort. (Voir rapport n° 502.)<br />

Toute la journée nous voyons constamment arriver de nouveaux prisonniers :<br />

devant la porte de l'école régimentaire la séparation se fait : les femmes sont<br />

envoyées à l'abbaye et les hommes sont poussés dans la cour en attendant qu'on<br />

leur assigne le local qu'ils auront à occuper (2.). Notre salle demeure toujours<br />

l'endroit réservé aux ecclésiastiques et aux notables. Mais le nombre des nouveaux<br />

détenus devenant considérable, on ne semble plus vouloir faire de sélection et,<br />

en une fois, une cinquantaine de prisonniers sont introduits dans notre local, où<br />

nous nous trouvons à une centaine.<br />

Le soir, nouveau potage au vermicelle et à l'eau.<br />

Le mercredi a6 août, M. van Ryckevorsel parvient à se glisser jusqu'à nous<br />

et nous annonce que, probablement, on ne fusillera plus personne, mais que nous<br />

resterons otages jusqu'à la fin du passage des troupes, ce qui durera encore<br />

plusieurs jours.<br />

Les femmes retenues à l'abbaye ayant été libérées, quelques-unes nous<br />

apportent des vivres et, <strong>pour</strong> la première fois depuis dimanche, il nous est donné<br />

de manger quelque chose d'appétissant.<br />

L'aube du jeudi se lève et éclaire <strong>pour</strong> quelques-uns le jour de la délivrance ;<br />

mais, <strong>pour</strong> la plupart des ecclésiastiques et des religieux, c'est le début de nouvelles<br />

souffrances, plus pénibles encore que celles déjà endurées, car elles viennent<br />

s'ajouter à quatre journées de privations physiques et de douleurs morales.<br />

A partir de midi, les locaux de l'école régimentaire se vident et les civils, par<br />

petits groupes, recouvrent leur liberté. On leur délivre à la sortie un laisses-passer,<br />

sur lequel il est écrit qu'ils ne sont pas suspects ! (Voir fig. 104.) M. le Doyen, prisonnier<br />

depuis le lundi, obtient également sa libération, et, en nous quittant, nous<br />

serre la main en nous disant « à tantôt », bien convaincu que notre tour allait<br />

arriver de pouvoir rentrer chez nous. Hélas, il n'en fut rien ! Nous étions réservés<br />

<strong>pour</strong> un autre voyage !...<br />

L'après-midi, M l'abbé Hames a une conversation très significative avec un<br />

officier haut gradé qui, déjà à plusieurs reprises, l'a entretenu des francs-tireurs en<br />

Belgique et, notamment, de la participation du clergé à cette guerre « contraire au<br />

droit des gens ». Mais, cette fois, il dévoile plus nettement le fond de sa pensée et<br />

avoue ingénument au prêtre que les Allemands profitent de leur passage en Belgique<br />

<strong>pour</strong> faire une guerre religieuse « ein 'Religionskrieg ! »<br />

Le soir de ce même jour, nous voyons la cour de l'école régimentaire s'emplir<br />

d'un nombre considérable de prisonniers, répartis bientôt dans les divers locaux.<br />

Ce sont des civils de Spontin, de Dorinne, d'Evrehailles et d'Yvoir qui viennent<br />

(2) Plusieurs de ces prisonniers (notamment Cari De WyMer) virent le camion de M. Diffrang rempli<br />

des armes de chasse et autres trouvées à l'Hôtel de Ville. Les officiers choisissaient les meilleurs fusils et les<br />

soldats s'emparaient de ce qui restait.<br />

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