Hyperlien - Les Classiques des sciences sociales

donc dO chercher dans Paris pour trouver un unique CAMSP bilingue,
et encore son existence était-elle constament menacée. Ce
centre nous a offert une prise en charge incluant la famille, ce qui
nous a et6 très benefique. Magali était prise deux fois par semaine,
soit en groupe, soit individuellement, avec un adulte sourd et une orthophoniste
vraiment bjlingue, qui l'eveiuaient sur tous les plans.
Pendant ces séances, un cours de LSF était assuré par un adulte
sourd pour les parents. Sandrine aussi pouvait venir de temps à autre
trouver une écoute à ses difficult6s face au poids de la surdité dans la
famille, A 3 ans, Magali allait en outre être intégrée le matin dans
l'école maternelle de notre quartier.
Une « nomice » sourde
Dès le départ, il nous a semblé essentiel que Magali puisse recevoir
de ddtenteurs de la LSF un cc bain de langage » dans toutes les
situations de vie d'un enfant de son $ge. Nous n'&ions pas capables
de le lui donner nous-mêmes, et son temps avec les sourds du
CAMSP n'y suffisait pas non plus. Nous avons donc demandé, en
plus, à une dame sourde de garder Magali chez elle deux, puis trois
journées par semaine. Magali y dtoyait trois genérations de sourds,
leurs amis et un autre garçon sourd de son âge !
La nourrice s'occupait de Magali comme elle s'&ait occupée de
sa propre fille sourde quelques années plus t6t. Elle lui commentait
tout, signait pour elle dans une langue adaptée à un tout petit enfant,
racontait des histoires, la faisait jouer, plus tard lui épelait des mots
en dactylologie. Magali profitait aussi de toutes les conversations
ambiantes, alors que nous avions tendance au début à ne signer que
pour elle et à l'affût d'une réponse, sans vraie spontanéité.
Très vite, la nourrice a su attirer son regard et à partir de lh, les
progrès n'ont cessé d'être constants et gratifiants. Magali s'est remise
à nous regarder, en commençant par sa soeur, et de plus en plus longuement.
Ses signes apparaissaient, parfois mal formés, mais la nourrice
nous aidait à les comprendre. Elle nous donnait des conseits
basés sur son expérience vécue de la surdité, insistait sur l'impor-