Hyperlien - Les Classiques des sciences sociales

tance de tout faire comprendre à un enfant sourd et nous montrait,
cas par cas, comment nous pouvions nous y prendre. Cette famille a
ainsi établi des relations très riches et durables avec Magali et nous.
Une jeune fille sourde venait aussi chez nous une fois par semaine
s'occuper de Magali dans son cadre de vie ; ses impressions et
réflexions nous ont aussi éte précieuses, et nous ont confortes dans
nos choix.
En quelques mois, Magaii s'est développée, ses retards divers se
sont estompés, elle a rapidement démarré la LSF et en même temps
la parole. En effet, presque pardèkment aux premiers signes sont
apparues les ébauches orales des mots correspondants,
Nous comprenons donc mal certaines réticences de professionnels
à l'idée d'une nourrice sourde ! Il faut certes que celle-ci soit de
qualité, et que les parents conservent leur autorité en position centrale
face à toutes les parties en présence. La nourrice ne nous a pas
« pris » Magali, elle nous a permis au contraire de rétablir une relation
profonde qui nous échappait de par notre mkonnaissance du
vécu intériorisé de ta surdité de notre enfant.
Queiie est sa langue maternelle ?
Ou bien : de qui I'enfant sourd reçoit-il la langue en héritage 2
Ces questions sont souvent présentées aux parents comme des dilemmes
dont la solution est le pivot des choix éducatifs. Pour nous,
ces questions paraissent d'un intérêt surtout théorique ; aux linguistes
d'y répondre au sujet de Magali.
En tant que parents, nous avons ressenti non pas tant de la frustration
à ne pas donner entièrement nous-mêmes la langue première
à notre fille, mais bien plutôt du plaisir à communiquer vraiment et
la sensation de regagner beaucoup de temps.
La LSF a d'abord donné A Magali une langue, nous permettant
enfin de dire : 2Mizguli n'est que sourde. Nous avons pu alors lui proposer
aussi de plus en plus souvent notre langue, lui parlant et signant