Hyperlien - Les Classiques des sciences sociales

« Elle est sourde, "collez-la" dans un établissement spkialisé et
vous la récupérerez ii vingt ans, c'est ce que vous avez de mieux à
faire P. C'est en ces termes que cet éminent professeur parisien
(notre ultime espoir) nous formula son diagnostic sur la surdité de
VQonique. Nous étions en 1956. Trente ans plus tard, c'est dans une
toute autre ambiance que j'ai ét6 accueilli, avec Philippe, par l'équipe
d'un Centre d'Aaion Médico-Social Précoce, dkpendant d'un service
d~audiophonolo@e de grande renommée. Sachant tr&s bien que
PhZppe était sourd, j'ai fait, avec le médecin ORL, « l'économie » de
cette phase préhinaire si dramatique qu'est, pour les parents, l'annonce
du diagnostic, Mais, après plus d'une heure d'entretien, j'ai
quitté le médecin avec une idée précise des actions ii entreprendre,
de leur calendrier et de leur répartition entre les professionnels et les
parents. J'ai tout de suite rencontre les autres membres de l'équipe :
l'orthophoniste, l'audioprothésiste, la psychologue. Ii y a dans cette
notion d%quipe quelque chose de rassurant pour les parents, la diversité
de leurs personnaiittns permet de mieux comprendre et d'être
mieux &outé ; leur volonté commune est rassurante. Us m'ont précisé
leurs r&les et ma place, non pas en tant que patient qui attend
saencieusement la fin de la rédaction de l'ordonnance, mais en tant
que partenaire et responsable d'éducation. Ce plan d'éducation, c'est
la réponse d'espoir que le médecin donne aux parents qui, dCsespérds
et ignorants, lui avaient demandé : « mais quoi faire ? ».
Alors, qu'on n'entende plus ces propos lénifiants qui avaient été
notre espoir, il y a trente ans, mais qui ont trop souvent cours encore
aujourd'hui : « Ne vous inquietez pas, ça s'arrangera, dans quelques
années on l'opérera des végétations, puis vous verrez à la formation ...
repassez me voir dans les trois mois », Ou alors c< de toutes façons,
elle parlera comme les autres, elle ira ii i'écofe comme les autres u,
quelle escroquerie ii l'espoir ce « comme les autres » auquel les parents
veulent croire contre toute logique ! Que de temps perdu et
que de fausses orientations ! Comment la formation des medecins
ORL et généralistes peut-elle comporter de telles lacunes ?
Je passerai sur l'bducation précoce de l'enfant dont l'importance
n'est plus à demontrer, pour insister sur la prise en charge (la guidance)
des parents. Il faut redire le traumatisme qui les écrase au