Hyperlien - Les Classiques des sciences sociales

QUELQUES REMARQUES CLINIQUES
De notre expérience clinique, nous pouvons affirmer que nous
n'avons pas dépisté de catégorie psychopathologique spkiale propre
au Sourd.
Il n'y a pas de e personnalité du Sourd P. Il y a autant de personnalités
de sourd qu'il y a de personnes sourdes. Chacune se forgeant,
comme pour tout être humain, dans une histoire familiale et une parenté
diffkrente pour chacun.
Les questions que se posent les sourds sont celles de tout être
parlant, celle de la naissance, de la procréation, de la paternité, du
sexe, de l'amour, de la mort.
Les symptames dont se plaignent nos patients ne sont pas directement
corrélés par une relation de cause à effet à la surdité ; ils sont
produits par une structure psychique qui est sous la dépendance de
déterminations symboliques s'inscrivant dans la structure familiale.
La surdité y prend place comme une marque particulière. Elle'n'est
plus à considérer uniquement dans ses effets de privation sensorielle,
mais comme signifiant prenant des sens différents pour chaque sujet.
Le diagnostic de surdité est porté pour un enfant déja inscrit
comme tout humain dans l'ordre symbolique, dans l'ordre du langage
: ses parents, ses grands-parents, sa famille, son pays, lui préexistent,
ce qui semble une lapalissade venant là pour nous rappeler
que c'est la parole qui s'acquière, pas le langage.
Et les sourds aussi sont dans l'histoire, malgré toutes les tentatives
pour les refouler avec leurs langues gestuelles. Depuis une dizaine
d'années, en France, ils témoignent de leur désir de devenir à
nouveau sujets de leur histoire.
1989 commémore le bicentenaire d'un moment fondamental de
cette histoire, ainsi que la Déclaration des Droits de l'Homme et du
Citoyen. Nous espérons contribuer pour une part à cette renaissance.
En refusant d'adopter une position de maîtres d'un Savoir sur ce
que serait une psychopathologie des sourds, en refusant de les mettre
comme objets d'observations de ce qui constituerait ce sayoir, il est