Hyperlien - Les Classiques des sciences sociales

fants et la famille ou les éducateurs, de faire circuler du sens, même
vaille que vaille, de permettre l'éciosion des premières manifestations
langagieres de l'enfant sourd, mérite le respect et l'intérêt des
théoriciens. Peut-être ne faut-il pas tout exiger tout de suite et refuser
droit de cité à un outil imparf&t sans doute mais susceptible de
permettre la compréhension d'autrui, de se faire comprendre, de
faire saisir intuitivement à l'enfant sourd ce que c'est que communiquer
par le langage. L'essentiel dans un premier temps est peut-être
là, dans la découverte de ce à quoi sert l'instrument avant même
qu'on en utilise toutes les possibilités et qu'on en touche les limites.
S'il faut d'abord installer la «fonction langage », l'appétence à la
communication, la joie pour l'enfant sourd de s'exprimer en &tant
compris, alors le FS, à côté des autres moyens, a toute sa place. On
voit rnaf au nom de quelles raisons on refuserait des parents l'usage
de cet outil qui fut pour eux la clé de l'entrée en communication avec
leur enfant, le déblocage d'une situation de mutisme réciproque si
atrocement dommageable. Quant aux enseignants, ils savent aussi
que souvent la signification entici-re d'un message tient à un seul indice
qui n'a pas été perçu ou compris : que cet indice soit fourni, et
tout s'éclaire, le discours et l'échange peuvent continuer, On n'empêchera
jamais un maître de se priver d'un tel moyen ! Devant la
réalité multiforme et quotidienne des achoppements de l'intercommunication,
on assiste souvent à une débâcle des constnietions inteilectualistes
a priori ; tout fait usage : l'image, la pantomime,
l'ecriture, l'utilisation des restes auditifs, les signes de nature diverse..
. L'existence de la « communication totale » reflète cette recherche
pragmatique de la communication à tout prix, malgré les
beiles considérations des théories savantes et des systèmes.
Certes, 3 ne s'agit pas de faire n'importe quoi, n'importe comment
: l'enjeu est trop grave, aussi bien pour les parents que pour les
maîtres (et pour les enfants en premier lieu !) mais il ne servirait à
rien d'excommunier pour les meilleures raisons raisonnantes du
monde un outil qui, dans la réalité des faits, au niveau le plus humble
des situations familiales ou scolaires, rend souvent d'estimables services.
LE FS DOIT ETRE UTILISE AVEC LUCIDm ET PRWENCE, MAIS