Hyperlien - Les Classiques des sciences sociales

ien conscience des syntaxes différentes des deux langues, et passe
sans problème de l'une à l'autre. De même que nous corrigeons son
français, elle corrige nos fautes de signes avec amusement. Elle
adore lire, écrire, téléphoner (sans aide) avec le Minitel Dialogue ...
Son langage oral aussi est riche et spontané. Elle a encore un peu de
mai à communiquer avec ceux qui n'ont pas l'habitude des sourds et
doit améliorer son articulation et sa lecture labiale (elle accepte le
cued-speech (LPC), mais seulement en classe). Elle a compris qu'elle
doit se débrouiller dans un monde très majoritairement entendant,
tout en étant sans effort à l'aise dans la communauté sourde. Le pari
qu'elle devienne bilingue peut donc être gagné.
L'expérience de Magali contredit certains arguments avancés
pour ne pas donner la LSF au démarrage de l'éducation. La langue
des signes n'a h aucun moment entravé ni le désir ni la capacité de
Magali d'accéder à la parole ; elle l'a stimulée en l'aidant à structurer
plus t8t ses capacitb cognitives, en lui donnant accès au sens, et en
i'eveuant à la communication dans les deux mondes, sourd et entendant.
Croire que les filières scolaires de meilleur niveau doivent être
d'abord celles qui évitent la LSF (quitte parfois à l'admettre pour
l'adolescent, ou en cas d'échec), cela nous apparaît donc comme un a
priori dépourvu de fondement rationnel. De même que de voir la
LSF comme une méthode de rééducation parmi (contre? en-dessous
?) d'autres, car la LSF se situe ailleurs : c'est une langue en plus,
un atout supplémentaire pour mieux communiquer. L'idée qu'il vaut
mieux se passer des signes autant que faire se peut, cette idée nous
paraît donc anti-pédagogique ainsi que préjudiciable à l'épanouissement
maximal de l'enfant sourd.
Conclusion et espoirs
De quel droit aurions-nous privé Magalî de la langue natureile
de ceux dont elle partage la déficience ? Cette langue belle et riche
lui donne le plaisir de communiquer, de tout exprimer, et d'acquérir