Hyperlien - Les Classiques des sciences sociales

leurs interlocuteurs entendants. Or, aujourd'hui, le bilinguisme est de
plus en plus prdné alors qu'il a quasiment disparu des écoles !
Deux raisons principales expliquent cette situation paradoxale :
- les internats ont perdu beaucoup de leur importance : les parents
refusent souvent une telle séparation, l'existence des familles d'accueil
et l'extension du ramassage scolaire ont fait le reste ; partant,
la vie communautaire s'est étiolée et, avec elle, son mode de communication
spécifique ;
- élevés donc au sein de leur famille, les enfants sourds de parents
entendants, dans un environnement à peu près exclusivement ora-
Liste, sollicités plus ou moins fortement à parler avec leur voix,
ignorent souvent la LSF (ou ne l'utilisent pas si leurs interlocuteurs
l'ignorent).
Ainsi en 1985, dans quelques internats subsistants, un embryon
de pratique visuo-gestuelle tente de se maintenir et de survivre. Mais
fatalement cette communication demeure fruste, ressemble de moins
à moins à la LSF, s'appauvrit dans son lexique et sa grammaire, cantonnée
qu'elle se trouve à quelques échanges purement utilitaires et
simplistes, et ne peut donc remplir les fonctions d'un langage riche et
nuancé. L'enseignement du français ne reposant plus sur aucun langage
premier porteur de significations et de structures, devient encore
plus difficile, débouchant sur la crise qui sévit actuellement. A
ceux qui songent à réintroduire la pratique de la LSF au sein de
176cole, il faut cependant rappeler que cette solution ne pourra pas
gommer les retards du développement hguistique et intellectuel si
la communication gestuelle est à son tour enseignée comme une discipline
scolaire sans connaître les processus indispensables d'une
langue acquise naturellement dans la vie de tous les jours et à l'âge
adéquat.
Quoi qu'il en soit, voilà bien le second paradoxe de la situation
pr6sente : QUAND LE BILINGUISME EXISTAIT, ON NE L'A PAS UTILISE ;
hfAJNZNANT ON VOUDRAIT L'EXPLOITER, MAIS IL N'EXISTE PLUS.
Toutes ces difficultés, toutes ces contradictions, pour graves
qu'elles soient, ne semblent pas insurmontables et ne ruinent pas, de
toute façon, les espoirs que l'on peut mettre dans l'usage des com-