Hyperlien - Les Classiques des sciences sociales

LA WNTRElE SCOLAIRE 1984-1985
L'Institut National des Jeunes Sourds (INJS) de Paris et l'Me
maternelle de notre quartier parisien où il avait fait sa première année,
décident conjointement de mettre en place une stmcture d'intégration,
avec LPC et verbo-tonale, pour deux enfants déficients auditifs
dont Etienne. A partir de ce jour, Etienne s'est donc trouvé dans
un environnement plus LPC qu'avant, avec le Professeur de sourds et
l'Educatrice qui codaient, bien sOr. Son institutrice, pour cette premiére
année d'intégration, a suivi un stage de LPC. Elle codait peu,
quelques mots par-ci, par-18, mais elle se rappelle encore les yeux
d'Etienne lorsqu'elle a codé pour la premihre fois en classe, c'était
l'extase ! (nous codions depuis un an en famille). Sa nourrice et une
grand-mère codaient. Elies codaient peu, mais elles codaient ... et cet
environnement LPC, bien que peu intensif, a installé tout natureliement
le LPC dans la vie d'Etienne. Après avoir été le moyen de
communication entre lui et ses parents, il est devenu le moyen de son
intégration dans la vie.
La compréhension a continué progressivement à s'enrichir et
parallèlement, notre propre expression est passée de la petite phrase
« économique » à la phrase parlée, plus courante, plus nuancée.
« C'est Papa qui arrive » est devenu « Je crois que Papa arrive » ;
« Tu I'abîmes » est devenu « C'est dommage !
tu l'abîmes » ;
« Tu veux faire pipi ? » est devenu « As-tu envie de faire pipi ? »
« On sonne ! » est devenu « Tiens ! quelqu'un sonne ;
entends-tu ? »
Le rythme d'acquisition a continué 8 s'accélérer. Puis la démutisation
et le langage ont commenct5. Très t8t et très souvent, Etienne
a codé, ce qui, dans les balbutiements des premiers mots, nous a été
bien utile. On a compris par le codage que « pépon » était « maison
», « atou » était (< voiture »... et on a pu déchiffrer « locomotive »,
pas facile à dire à cinq ans !