Hyperlien - Les Classiques des sciences sociales

ents sur l'objectif fondamental qui est celui de déterminer la scolarité
la plus adaptée à l'enfant et non pas au désir parfois utopique de
la familie >> (Docteur Lucien Moatti). Or, combien de familles ont
choisi l'intégration en materneile « parce qu'à cet âge, tout se passe
bien, après on verra » mais surtout parce que leur enfant ira à l'école
« comme les autres ». Certes, d'autres sont conscients du soutien impératif
(et de ses contraintes) qu'ils devront apporter à leurs enfants
; ceux-là réussiront. Enfin, certains n'ont pas d'autre choix en
raison de leur isolement géographique.
La spécificité de l'éducation d'un enfant sourd résulte d'abord
d'un problème majeur de communication dont l'importance est capitale
dès la petite enfance. Elle est fonction de la nature de la surdité :
un devenu sourd, un sourd sévère et un sourd profond ne seront pas
tributaires de la même solution éducative. La c< pgdagogie pour
tous » de 17Education nationale n'est pas applicable, teiie qu'eue, aux
enfants sourds, d'abord parce qu'elle est basée sur l'expression orale
mais, surtout, parce qu'elle s'adresse à des enfants qui arrivent à six
ans, en cours prgparatoire, en parlant le français qu'ils se sont approprié
naturellement avec leurs parents. Et c'est à partir de ce français
fondamental que l'instituteur va travailler la syntaxe, la grammaire,
le vocabulaire (avec les difficultés que l'on sait). L'enfant
sourd à six ans ne possède pas ce français fondamental. C'est donc
une pédagogie spécialisée dont il a besoin, que ce soit en établissement
spécialise ou en intégration, par le biais des soutiens dont ii devra
impérativement et massivement bénéficier. Enfin, on ne parie
bien une langue que lorsqu'on pense en cette langue. Or, en quoi
pense l'enfant sourd ? J'ai dit qu'il semble que son mode de pensée
se traduise dans la structure « visuelle » de la LSF, si différente de
celle du français. Et nous savons que la difficulté majeure pour les
sourds est de comprendre la structure de nos phrases. C'est sans
doute ce transfert de pensée qui constitue l'essentiel du problème
pédagogque à résoudre pour nos enfants.
A douze ans, Véronique réussissait à rendre intelligible un texte
de quelques lignes qu'elle récitait par coeur. Quelle joie pour nous.
Queiie dfsception quand elle ajoutait : « mais papa, pourquoi veux-tu
que je parle, ça sert à quoi ? » Et si je voulais une expfication sur le