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Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des <strong>races</strong> humaines, (1853-1855) Livres 1 à 4 110<br />

possédée. Quels qu'en puissent être les principes, soit qu'on en approuve ou blâme les<br />

fins, il faut avouer que les multitudes y prennent une part démonstrative de l'intelligence<br />

qu'elles en ont. Et ce n'est pas que ce pays soit libre dans le sens où nous<br />

l'entendons, qu'une émulation démocratique pousse tout le monde à bien faire, afin de<br />

parvenir à la place que les lois lui garantissent. Non ; j'éloigne tout tableau idéal. Les<br />

paysans comme les bourgeois sont fort peu assurés, dans l'empire du Milieu, de sortir<br />

de leur position par la seule puissance du mérite. À cette extrémité du monde, et malgré<br />

les promesses officielles du système des examens appliqué au recrutement des emplois<br />

publics, il n'est personne qui ne se doute que les familles de fonctionnaires absorbent<br />

les places, et que les suffrages scolaires coûtent souvent plus d'argent que d'efforts de<br />

science 1 ; mais les ambitions lésées, en gémissant sur les torts de cette organisation,<br />

n'en imaginent pas de meilleure, et l'ensemble de la civilisation existante est pour le<br />

peuple entier l'objet d'une imperturbable admiration.<br />

Chose assez remarquable, l'instruction est en Chine très répandue, générale ; elle<br />

atteint et dépasse des classes dont on ne se figure pas aisément, chez nous, qu'elles<br />

puissent même sentir des besoins de ce genre. Le bon marché des livres, la multiplicité<br />

et le bas prix des écoles, mettent les gens qui le veulent en état de s'instruire, au moins<br />

dans une mesure suffisante. Les lois, leur esprit, leurs tendances, sont très bien<br />

connues, et même le gouvernement se pique d'ouvrir à tous l'entendement sur cette<br />

science utile. L'instinct commun a la plus profonde horreur des bouleversements politiques.<br />

Un juge fort compétent en cette matière, qui non seulement a habité Canton, mais<br />

y a étudié les affaires avec l'attention d'un homme intéressé à les connaître, M. John<br />

Francis Davis, commissaire de S. M. Britannique en Chine, affirme qu'il a vu là une<br />

nation dont l'histoire ne présente pas une seule tentative de révolution sociale, ni de<br />

changement dans les formes du pouvoir. À son avis, on ne peut mieux la définir qu'en<br />

la déclarant composée tout entière de conservateurs déterminés.<br />

C'est là un contraste bien frappant avec la civilisation du monde romain, où les<br />

modifications gouvernementales se suivirent dans une si effrayante rapidité jusqu'à<br />

l'arrivée des nations du Nord. Sur tous les points de cette grande société on trouvait<br />

toujours et facilement des populations assez désintéressées de l'ordre existant pour se<br />

montrer prêtes à servir les plus folles tentatives. Il n'y eut rien d'inessayé pendant<br />

cette longue période de plusieurs siècles, pas de principe respecté. La propriété, la<br />

religion, la famille soulevèrent, là comme ailleurs, des doutes considérables sur leur<br />

légitimité et des masses nombreuses se trouvèrent disposées, soit au nord, soit au sud,<br />

à appliquer de force les théories des novateurs. Rien, non rien, ne reposa, dans le<br />

1 « Il n'y a encore que la Chine où un pauvre étudiant puisse se présenter au concours « impérial et en<br />

sortir grand personnage. C'est le côté brillant de l'organisation sociale des « Chinois, et leur théorie<br />

est incontestablement la meilleure de toutes ; malheureusement « l'application est loin d'être<br />

parfaite. Je ne parle pas ici des erreurs de jugement et de la « corruption des examinateurs, ni même<br />

de la vente des titres littéraires, expédient auquel « le gouvernement a quelquefois recours en temps<br />

de détresse financière... » (F. J. Mohl, Rapport annuel fait à la Société asiatique, 1846, p. 49.)

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